L’Union européenne, généralement très au fait des détournements de l’aide internationale par les dirigeants du Polisario, ne versera à ces derniers ni l’argent ni les produits de l’aide alimentaire. C’est le Programme alimentaire mondial (PAM), relevant du système des Nations unies, qui en sera le récipiendaire direct. Il se chargera d’évaluer les besoins des populations des camps de Lahmada, puis d’acheter l’aide internationale qu’il distribuera directement sous forme de rations alimentaires aux personnes les plus vulnérables.
Mais ce garde-fou qui consiste à contourner totalement les relais des dirigeants du Polisario, empêchera-t-il ces derniers de mettre la main sur le gros de cette nouvelle aide européenne pour la revendre ailleurs, comme à leur habitude?
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Il est de notoriété publique qu’à l’instar de plusieurs organisations internationales et européennes pourvoyeuses ou gestionnaires de l’aide dans les camps de Lahmada, comme le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR), le syndicat espagnol ManosLimpias (mains propres), la coordination des ONG espagnoles…, le PAM a décidé, depuis 2015, d’être très regardant sur la destination finale de l’aide qu’il est chargé de distribuer dans les camps sahraouis. Et ce depuis que le scandale des détournements de l’aide internationale a éclaté au grand jour et éclaboussé les dirigeants du Polisario et leurs complices algériens.
En effet, depuis la sortie du premier rapport de l’Office européen de lutte anti-fraude (OLAF) en 2007, dont le contenu a été confirmé en 2015 par l’ex-cheffe de la diplomatie européenne Federica Moghreni, et a mis à nu les détournements à grande échelle de l’aide internationale par le Polisario, l’UE a commencé à réévaluer à la baisse son aide destinée aux camps sahraouis. La direction générale de la commission pour l'aide humanitaire (DGECHO), institution par le biais de laquelle l’UE intervient dans ces camps, a même décidé de mettre hors de son circuit de distribution tous les fonctionnaires algériens et sahraouis.
Pour rappel, le rapport de l’OLAF avait dévoilé comment les dirigeants du Polisario, à travers le Croissant-Rouge algérien et moyennant une surestimation démesurée du nombre des habitants des camps, ont réussi à détourner la majeure partie de l’aide européenne. Rien que pour la décennie 1994-2004, l’OLAF a pu estimer que sur une enveloppe de 104 millions d’euros d’aides, seuls 30% sont parvenus à bon port. Le reste a été vendu localement et dans les marchés des pays voisins par les dirigeants séparatistes, devenus du jour au lendemain propriétaires immobiliers et patrons de sociétés-écrans, en Espagne surtout.
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Reconnaissant involontairement ces détournements du Polisario, l’agence de presse algérienne, APS, s’est voulue rassurante quant à la destination de la nouvelle aide de l’UE, en rapportant dans une dépêche datée du 7 mai que «les opérations du PAM en Algérie sont menées et surveillées en collaboration avec des organisations nationales et internationales pour garantir que l'aide alimentaire parvienne aux personnes auxquelles elle est destinée».
Mais, même si la présente et urgente aide humanitaire de l’UE, d’une valeur de 5,3 millions d’euros, vise surtout à «éviter la faim» dans les camps ainsi que «la prévention de la dénutrition, en particulier chez les jeunes enfants et les mères», le Polisario ne manquera pas de monter un subterfuge pour en ponctionner la majeure partie, en profitant du confinement implacable qu’il impose actuellement aux camps, sous prétexte de lutte contre la propagation du coronavirus.
En effet, et bien que la famine menace des milliers d’habitants des camps de Lahmada, le Polisario, tout en lançant des appels d’urgence à l’aide internationale, continue de convoyer et vendre d’importantes cargaisons d’aides en plein désert. Ainsi, il y a une quinzaine de jours à peine, on sait, sur la foi des informations des sites locaux, que plus de 30 tonnes de produits alimentaires ont quitté les camps sous le prétexte fallacieux d’être distribuées aux populations des zones tampons, là où pas une seule âme ne vit.