Le vif accrochage verbal entre les deux hommes a eu lieu dans le cadre d'une journée d'étude organisée par le Mouvement populaire (MP) autour du projet de Code pénal dont des dispositions sont controversées par des ONG marocaines. Outre Mohand Lanser, patron du MP, plusieurs ministres ont assisté à ce débat qui a réuni des juristes, des intellectuels et des professeurs universitaires.
Le ton est vite monté d'un cran entre les deux hommes quand Mohamed Sebbar a dénoncé les "circonstances atténuantes" que cet avant-projet de loi accorde aux auteurs de crimes d'honneur, en particulier dans les cas d'adultère et de flagrant délit commis par l'un des deux époux.
Le Chef de gouvernement et Mustapha Ramid d'une part, et Mohamed Sebbar d'autre part, ont affiché des positions diamétralement opposées, notamment sur "l'avortement, le respect du Ramadan, la peine de mort, la consommation d'alcool ou la liberté de conscience".`Circonstances atténuantes
"Si Sebbar, accepteriez-vous en rentrant chez vous un jour, de trouver un homme dans votre lit conjugal avec votre femme légitime dans ses bras? Allez-vous accepter ce fait, le digérer et vous abaisser au point d'être humilié?", a lancé Benkirane à Sebbar. Le Chef de gouvernement défendait le fait que "des circonstances atténuantes soient accordées par la loi à l'un des conjoints meurtriers lésés par l'adultère". Le crime d'honneur mériterait ainsi à ses yeux un traitement à part.
Le secrétaire général du CNDH, a rétorqué: "Au lieu de tuer l'amant de ma femme, j'irais le dénoncer au Parquet". Sebbar a plaidé magistralement au nom du CNDH pour que le nouveau Code pénal ne puisse "pas octroyer des circonstances atténuantes à un conjoint coupable du meurtre de sa femme ou de son époux en cas d'adultère". "Le crime d'honneur n'a plus de place dans notre société", a-t-il estimé, provoquant la colère du Chef de gouvernement et de son ministre de la Justice Mustapha Ramid.
Benkirane a demandé à Sebbar d'éviter de se précipiter au point de vouloir imposer la position d'une "minorité" sur des questions sociétales touchant la communauté musulmane.
En très bon avocat, Mohamed Sebbar a rétorqué au Chef de gouvernement que l'ordre du jour de la journée d'étude a trait au projet du Code pénal et non pas à Mohamed Sebbar et que le CNDH est une institution reconnue officiellement par la Constitution. Sa "mission consiste à donner des avis sur des questions liées prioritairement à la promotion des Droits de l'Homme dans le royaume".