Mustapha Ramid se prend-il pour un super ministre du simple fait qu’il est le seul ministre d’Etat dans l’actuel gouvernement El Othmani? Le détenteur du portefeuille des Droits de l’Homme vient de s’exprimer sur le plateau d’Al Araby TV, chaîne qatarie basée à Londres, sur trois dossiers actuellement aux mains de la justice marocaine, à savoir les affaires Bouachrine et Hamieddine, et celle du Hirak d’Al Hoceima.
Selon le quotidien Al Ahdath Al Maghribia de ce vendredi 1er mars, cette sortie du ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme a été peu inspirée et maladroite, pour avoir abordé la relation de la justice marocaine avec les institutions internationales droits-de-l’hommistes. Ceci est particulièrement manifeste quant au soutien à demi-mots qu’il a apporté à l’avis du Groupe de travail sur la détention arbitraire relevant de l’ONU, qui vient de s’exprimer sur le procès, toujours en cours, du journaliste Taoufik Bouachrine.
Allant plus loin, il a récidivé dans l’affaire du dirigeant PJDiste, Abdelali Hamieddine, alors qu’on croyait ce dossier clos depuis son mea culpa pour avoir porté atteinte à l’indépendance de la justice. Au contraire. Profitant de son passage sur une chaîne étrangère, il a estimé que dans l’affaire Hamieddine, poursuivi pour homicide volontaire et prémédité, les organisations des droits de l’homme peuvent exercer un contrôle particulier sur la justice marocaine.
Et ce n’est pas tout. Dans l’affaire des condamnés du Hirak d’Al Hoceima, Ramid a ramé à contre-courant du pouvoir judiciaire. Même s’il s’est optimiste quant au dénouement de ce dossier à travers une probable grâce royale à laquelle il dit s’attendre, il n’en a pas moins affirmé que les interventions des forces de l’ordre lors du Hirak «ne sont pas exemptes de reproches en matière de respect de droits de l’homme…».
Et Al Ahdath de conclure qu’une source haut placée lui a affirmé que cette «cascades d’erreurs» et d’«interprétations personnelles» a créé un grand malaise au sein de la classe politique, qui estime que Mustapha Ramid a tout simplement violé ses responsabilités gouvernementales et empiété sur le pouvoir judiciaire.