Après des années de brouille, le PAM et le PJD vivent une grande idylle

Abdellatif Ouahbi, secrétaire général du PAM.

Abdellatif Ouahbi, secrétaire général du PAM. . DR

Revue de presseKiosque360. Le secrétaire général du PAM, Abdellatif Ouahbi, et certains membres du Bureau politique ont rendu visite, dimanche dernier, aux dirigeants du PJD. Une rencontre destinée à enterrer la hache de guerre entre les deux partis et ouvrir la voie à une alliance préélectorale aux dépens du RNI.

Le 14/07/2020 à 18h35

Depuis son élection à la tête du PAM, Abdellatif Ouahbi a tenu à réaffirmer, à chacune de ses sorties médiatiques, qu’il n’avait rien contre le PJD, comme si les années de guerre larvée entre les conservateurs et les «modernistes» n’avaient jamais existé. Un discours qui laissait présager un rapprochement entre les deux partis même si, au sein du Tracteur, plusieurs voix se sont élevées contre cette orientation de leur secrétaire général.

Dimanche dernier, Abdellatif Ouahbi a pourtant fait un grand pas dans ce sens en se rendant, en compagnie des membres du bureau politique, au siège du PJD. Bien que cette rencontre entre les dirigeants des deux partis s’inscrive dans le cadre d’une série de réunions entamées par le PAM avec toutes les organisations politiques, plusieurs observateurs estiment qu’il s’agit bel et bien d’un changement de stratégie face à l’ennemi d’hier.

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du mardi 14 juillet, que le professeur-chercheur en sciences politiques Abdelmounaim Lazaar estime que cette réconciliation du PAM avec le PJD se fait aux dépens de l’alliance qui le liait au RNI. Ceci étant, ajoute-t-il, ce changement de stratégie ne signifie pas pour autant que les deux partis vont former une alliance préélectorale. Mais ils ne vont sûrement pas participer à des coalitions opposées.

En effet, il est clair, poursuit-il, que les deux partis vont adopter des stratégies similaires contre de probables concurrents, notamment contre le RNI. En tout cas, les propos du secrétaire général du PAM ne laissent planer aucun doute sur ses intentions. Lors d’un séminaire organisé par les organisations de la Jeunesse du PPS, de l’Istiqlal et du PAM, Abdellatif Ouahbi n’a pas hésité à répondre à une question sur l’éventualité d’une alliance entre le PAM et le PJD: «N’attendez pas de moi que je déclare la guerre à n’importe quel parti. C’est vrai qu’il y a eu une confrontation et des divergences entre le PAM et le PJD, mais je suis venu participer, discuter et exprimer ma différence en toute sérénité. Entre le PAM et le PJD, il y a la différence d’opinion mais il y a, aussi, le respect. Et je n’ai aucune envie d’entrer en conflit avec quiconque», a-t-il affirmé. Et Ouahbi de décocher une flèche à ses opposants au sein de son parti en déclarant que ceux qui n’avaient pas apprécié ce changement avaient la boule dans le ventre.

Le quotidien Al Akhbar, qui traite le même sujet dans son édition du mardi 14 juillet, rapporte que cette rencontre a été l’occasion, pour les dirigeants des deux partis, de rapprocher leurs points de vue et de dépasser leurs divergences. Ils ont par ailleurs procédé à l’évaluation de leur alliance dans plusieurs Conseils communaux et régionaux.

Dans une déclaration à la presse, le secrétaire général du PJD, Saâd-Eddine El Othmani, n’a pas caché sa satisfaction après cette rencontre: «Nous avons évoqué les relations entre les deux partis, qui ont été caractérisées par une certaine tension dont nous devons déterminer les causes pour l’éviter dans l’avenir». Et El Othmani de souligner que, durant cette rencontre, Abdellatif Ouahbi a réaffirmé la position qu’il défend depuis le quatrième congrès du parti pour que les relations entre les deux partis ne soient plus définies par des «lignes rouges».

Le patron du PJD a d’ailleurs lancé des fleurs à son homologue du PAM en exprimant, «avec beaucoup de satisfaction et de fierté», ses remerciements à Abdellatif Ouahbi pour la considération qu’il montre au PJD. Autant dire qu’une idylle est née entre les conservateurs et les modernistes qui, hier encore, ne manquaient pas une occasion d’échanger des propos peu amènes.

Par Hassan Benadad
Le 14/07/2020 à 18h35