Après Abdelali Hamieddine, des dirigeants islamistes de premier rang seraient bien impliqués dans l’affaire de l’assassinat d’Ait El Jid. C’est ce que confirment les accusations directes adressées par la famille du défunt étudiant de Fès à l’une des figures de proue du MUR, le bras idéologique du PJD, Ahmed Raissouni. Ainsi, d’après le quotidien Assabah, qui rapporte l’information dans sa livraison du week-end des 15 et 16 décembre, l’ancien président du mouvement islamiste serait parmi les instigateurs de l’assassinat de Benaissa Ait El Jid, en 1993.
Selon Habib Hajji, avocat de la famille de la victime, cité par le journal, Ahmed Raissouni, alors président de la «Ligue de l’avenir islamique» (Rabitat Al Moutakbal Al Islami qui, avec deux autres mouvements, a donné naissance au MUR), aurait donné l’ordre à Hamieddine, responsable à l’époque de la branche estudiantine du mouvement islamiste, d’assassiner Ait El Jid.
Pour en arriver à une telle accusation contre l’actuel président de l’Union internationale des «savants» musulmans, une branche de l’organisation des frères musulmans, l’avocat de la famille d’Ait El Jid s’est basé sur une décision arbitrale de l’IER, datée de 2005. Décision qui a d’ailleurs permis à Hamieddine d’avoir droit à une réparation pour préjudice subi lors des évènements de l’université de Fès, survenus en novembre 1993.
Ainsi, explique le journal, pour émettre la décision en question, l’IER s’est notamment basée sur un témoignage d’Ahmed Raissouni dans lequel il affirme, en sa qualité d’ancien président de la «Rabita», que Hamieddine était bel et bien un membre actif de ce mouvement.
Selon ce témoignage, ce dernier s’activait particulièrement dans la branche estudiantine du mouvement et a été arrêté abusivement. Cela alors que, précise le journal, le même Hamieddine a été inculpé à l'époque pour l’assassinat d’Ait El Jid en tant qu’étudiant basiste (d’extrême gauche). Il a été, en conséquence, condamné à une peine d’emprisonnement allégée, souligne le journal.
Partant de là, poursuit le journal, l’avocat inscrit au barreau de Tétouan a affirmé son intention de déposer plainte contre Raissouni pour «complicité de meurtre». De même, ajoute le journal, d’autres dirigeants islamistes pourraient être impliquées dans cette affaire, notamment les personnes qui ont couvert à Hamieddine, afin de lui permettre de se dérober à la justice à l’époque en lui conseillant de se faire passer pour un étudiant d’extrême gauche. Suite à quoi il a été arrêté avec des étudiants basistes et condamné aux mêmes peines qu’un certain nombre d’entre eux.
Pourtant, le principal témoin dans cette affaire, El Khammar Haddioui, n’a jamais cité son nom parmi ses camarades de l’époque. Et ce, pour la simple raison qu’il ne faisait pas partie de ce mouvement d’extrême gauche. Il ne l’a reconnu que plus tard quand il l’a aperçu, pour la première fois, à la prison. Il l’a reconnu comme étant celui qui a immobilisé le défunt avec son pied au moment de son assassinat. Haddioui, rappelle le journal, a d’ailleurs fait une déposition à ce sujet en son temps, juste après l’avoir entrecroisé et reconnu dans les couloirs de la prison.