Comme annoncé par le360, le Maroc et la France sont parvenus à se mettre d'accord sur les amendements qui complèteront l'actuelle convention judiciaire maroco-française. «Nous nous sommes mis d'accord sur un texte visant la complémentarité entre les deux systèmes judiciaires. Nous avons décidé de réformer cette convention dans le sens où il n'y aura pas d'impunité mais une complémentarité et une entente», a précisé Mustapha Ramid à Le360. «Cette convention amendée sera présentée prochainement au gouvernement pour son adoption avant de la soumettre au Parlement pour sa promulgation définitive», a conclu le ministre.
Un communiqué conjoint publié va dans le même sens. Il a affirmé que Mustapha Ramid et son homologue Christiane Taubira ont convenu d’un «accord sur un texte amendant la convention d'entraide judiciaire franco-marocaine permettant de favoriser, durablement, une coopération plus efficace entre les autorités judiciaires des deux pays et de renforcer les échanges d'informations, dans le plein respect de leur législation, de leurs institutions judiciaires et de leurs engagements internationaux».
Selon Abdelaziz Nouidi, Docteur en sciences politiques, cette décision obéit à la logique «win-win» dans la mesure où Paris considère le Maroc domme son partenaire économique et stratégique, ajoutant que cet accord a été conclu à la «faveur des intérêts communs des deux pays». «Il est évident que la France, qui profitera pleinement de la reprise de la coopération judiciaire et sécuritaire avec le Maroc, voit dans le royaume un allié indispensable vu qu’il dispose de capacités d’anticipation indispensables pour lutter contre les réseaux terroristes qui constituent une sérieuse menace pour la sécurité et la stabilité des deux pays», a-t-il déclaré à Le360. Et d’ajouter que «cet accord est un pas important pour mettre un terme à l’inertie ayant caractérisé les relations entre Rabat et Paris» et partant il aura «des retombées sur les volets économique, politique et de renseignements entre les deux pays».
Pour le chercheur universitaire, Yassine Laaroussi, cet accord, signé samedi, constitue une initiative «sérieuse » émanant des deux pays en ce sens que «le différend entre Rabat et Paris ne doit pas perdurer entre deux pays liés par des relations séculaires». Dans une déclaration à Le360, il a rappelé que l’ex-président français, Nicolas Sakozy avait déclaré que les services de renseignements marocains jouent un rôle important au niveau de la région, ce qui signifie que la partie française bénéficiera pleinement de cet accord. D’après lui, la France a «bien saisi la leçon et s’est rendue à l’évidence que le Maroc est son plus grand partenaire économique», relevant que la suspension de l’accord de coopération judiciaire bilatérale a eu des «effets d’entrainements négatifs en particulier sur le registre économique, chose qui a profité au géant chinois». «Il est venu le temps pour Paris de changer sa position par crainte que le Maroc ne change d’orientation économique», a-t-il conclu.