Une étoile s'est éteinte. Ornette Coleman, la jazzman texan est décédé, hier jeudi à New York, à l'âge de 85 ans, des suites d'un arrêt cardiaque. Saxophoniste autodidacte et compositeur inspiré, Coleman, figure controversé du jazz, a révolutionné cette musique en s'écartant des conventionnels swing et phrasing. L'icône, qui a eu besoin de temps pour être écouté et ressenti, a dérouté à ses débuts les musiciens et les fans lors de séances d'improvisation. Figure innovatrice, il n'était pas aussi apprécié, par les rigoristes, qu'un Louis Armstrong ou un Charlie Parker.
Découvert par le bassiste Red Mitchell, il a enregistré en 1958 son premier disque “Something else!”, suivi en 1959 de “Tomorrow is the question!”, “The Shape of Jazz to come”, “Change of century”, “This is our music”. En 1960, il a sorti l'album "Free Jazz: A Collective Improvisation".
Ouvert à la nouveauté, il a enregistré, en 1976, l'album “Dancing in your head” avec les “Master Musicians of Jajouka”, la famille El Attar, des musiciens de Jahjouka, un petit village dans le Rif, qui perpétue une tradition musicale ancestrale vieille de 4.000 ans (inconnue malheureusement des communs des Marocains!). Séduit par les sonorités itératives de “t'bel ou l'ghaita des Jbala (flûte et tambour traditionnels), comme l'ont été les Rolling Stones avant lui (Pipes of pan at joujouka) , il a composé “Midnight sunrise” qui a contribué à l'essor de cette musique de transe (jedba) à l'international.
Malgré ses débuts controversés, Ornette Coleman a fini par être reconnu, il a été nommé Jazz Master au National Endowment for the Arts, la plus prestigieuse récompense qu'un jazzman puisse obtenir. En 2007, il a décroché le Grammy Award pour l'ensemble de son oeuvre. Deux ans après, il reçoit le Miles Davis Award, attribué par le Festival International de Jazz de Montréal. En 2010, Ornette a été nommé docteur honoraire de musicologie par l'Université du Michigan.
