Mohamed El Ouafa qui s’est rebellé contre Hamid Chabat en refusant de démissionner du gouvernement restera célèbre avec cette déclaration qu’il a faite à des proches, alors que l’ultimatum de Chabat tombait sur les têtes des autres ministres istiqlaliens : "seuls Sa Majesté le roi, garant de la monarchie et de la Constitution, ou le rappel chez Dieu peuvent me contraindre à quitter ce gouvernement. Quant à Chabat, je ne le connais pas !".
Peu de gens connaissent un autre "détail important" de l’histoire de cet homme de "principes". Quand Hamid Chabat, en simple syndicaliste local à Fès, était inculpé et recherché pour les violences et troubles qui avaient marqué la grève générale du 10 décembre 1990, c’est ce même Mohamed El Ouafa qui l’avait protégé en lui évitant la prison, se souvient son ami de 40 ans Rachid Idrissi Kaïtouni, ancien ambassadeur et ex-secrétaire général de la Chambre des représentants.
Un parcours politique riche
Gendre de Sidi Allal Fassi, Mohamed El Ouafa, 64 ans, père de deux filles et d’un garçon est resté "fidèlement attaché au trône ainsi qu’aux idéaux du fondateur de l’Istiqlal, l’un des pères de l’indépendance du royaume aux côtés du défunt roi Mohammed V". Les actions d’El Ouafa au sein de l’Istiqlal et les services rendus à la nation sont riches sans accident de parcours. Dès son jeune âge, il avait présidé le secrétariat général de l’Union générale des étudiants du Maroc (UGEM) à un moment ou les combats d’idées entre Maoïstes et Léninistes, d’un côté et les nationalistes et les libéraux de l'autre, faisaient rage dans les années 1970 dans le pays.
Mohamed El Oufa est venu un jour à l’UNEM (Union nationale des étudiants du Maroc) pour défendre la cause nationale, le Sahara", se rappelle Kaïtouni. Il avait aussi dirigé la "Chabiba istiqlalia" avant d’intégrer le Comité exécutif du parti, devenant ainsi le plus jeune militant siégeant au sein de ce bureau politique. Son charismatisme commence à se renforcer quand M’Hamed Boucetta lui demanda d’intégrer la cellule de réflexion du parti et où siégeaient des grands noms comme Boubker Kadiri, M’Hamed Douiri, Hachmi Filali.
Lorsque l’Istiqlal était dans l’opposition au début des années 1980, Mohamed El Ouafa avait tenu la dragée haute au puissant Driss Basri, ministre de l’Intérieur redouté. El Ouafa avait été député de 1977 à 1998. En 1989, il était président du Conseil municipal de Marrakech alors que la ville ocre accueillait la conférence fondatrice de l’Union du Maghreb Arabe.
Le Palais royal l’avait même nommé à trois reprises ambassadeur du royaume successivement en Inde, en Iran et au Brésil. "Si Mohamed El Ouafa est un homme de principes, doté de grandes valeurs politiques. C’est un véritable militant aux grandes qualités rares", a témoigné à son égard Mohamed Zidouh, membre du conseil national de l’Istiqlal. "C’est un homme de conviction. Quand il a quelque chose il va jusqu’au bout de ses idées. Il était un homme de conciliation qui avait contribué à rapprocher la Koutla. Ce qu’il vient de faire en refusant de démissionner est un acte pas nouveau chez si Mohamed El Ouafa", a souligné pour sa part Rachid Idrissi Kaïtouni.