Le missile tiré depuis le Yémen sur l'Arabie saoudite par des rebelles houthis le mois dernier a été "fabriqué en Iran", soutien des Houthis, a déclaré jeudi l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, alors que les Etats-Unis haussent le ton face à Téhéran, accusé de violer l'esprit de l'accord historique destiné à assurer la suspension du programme nucléaire iranien.
"Derrière moi se trouvent les débris récupérés du missile tiré par des combattants houthis du Yémen sur l'Arabie saoudite. (...) Il a été fabriqué en Iran avant d'être envoyé à des rebelles houthis au Yémen", a déclaré Mme Haley qui s'exprimait sur une base militaire américaine, au milieu de débris de plusieurs missiles et drones qui provenaient de récentes attaques contre des alliés des Etats-Unis dans la région, a-t-elle affirmé.
"Il a ensuite été tiré vers un aéroport civil, et aurait pu tuer des centaines de civils innocents en Arabie saoudite", a poursuivi Nikki Haley. "Ceci est absolument terrifiant et doit cesser".
"Ceci n'est pas seulement une question d'accord nucléaire. C'est tout ce qu'ils font d'autre. L'Iran pense qu'il a tous les droits", a-t-elle ajouté, affirmant que Téhéran avait notamment violé la résolution 2231 des Nations unies qui englobe l'accord nucléaire interdisant à l'Iran toute vente de missile balistique pendant cinq ans.
L'accord nucléaire signé en 2015 "n'a rien fait pour modérer la conduite du régime dans d'autres domaines", et Téhéran "attise" les conflits régionaux comme celui du Yémen, a-t-elle poursuivi. Elle a précisé que ces débris avaient été récupérés par l'Arabie saoudite et "prêtés" aux Etats-Unis, mais n'a pu dire si chaque morceau du missile présenté avait été ramassé à la même date.
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Questionnée sur la date possible de la vente de ces missiles, Mme Haley n'a pas répondu, se contentant d'insister sur l'origine "irréfutablement" iranienne du matériel présenté. "Vous allez voir ces armes, vous verrez qu'elles ont des marques partout qui montrent, sans le moindre doute, qu'elles sont fabriquées en Iran, envoyées par l'Iran et données par l'Iran", a-t-elle dit.
D'autres armes ont été présentées aux médias, notamment un missile anti-tank, un "drone kamikaze" et des équipements présentés comme débris d'un bateau explosif, tous remis aux Etats-Unis par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.
L'Iran a rejeté "catégoriquement" toutes les affirmations de l'ambassadrice américaine à l'ONU. Ces dernières constituent "une accusation que nous rejetons catégoriquement comme infondée, irresponsable, provocatrice et destructive", indique un communiqué de la mission iranienne à l'ONU.
Ses "supposées preuves, diffusées publiquement aujourd'hui, sont autant fabriquées que d'autres présentées précédemment lors d'autres occasions", accuse le document.
Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a posté sur Twitter la photo de Nikki Haley devant les missiles incriminés juxtaposée à celle de l'ancien chef de la diplomatie américaine Colin Powell, brandissant en 2003 à l'ONU ce que les Etats-Unis considéraient comme la preuve de la détention d'armes de destruction massive par Saddam Hussein, juste avant le déclenchement de la guerre en Irak. "Quand j'étais à l'ONU, j'ai assisté à ce spectacle et à ce qu'il a engendré", a-t-il commenté sous la double photo.
Dans un récent rapport sur des tirs de missiles par les Houthis vers l'Arabie saoudite, l'ONU indique avoir inspecté des débris d'engins laissant penser qu'ils ont été fabriqués en Iran. L'ONU précise toutefois n'avoir pas été en mesure d'identifier le fournisseur des missiles ou les intermédiaires éventuels et souligne poursuivre son travail d'enquête.
Interrogé sur les preuves présentées par Washington, l'ambassadeur de Suède aux Nations unies, Olof Skoog, est resté prudent. "Il est possible qu'elle soit en possession de preuves que je n'ai pas vues", a-t-il déclaré. "Les informations que j'ai eu jusqu'ici étaient moins claires".
De son côté, l'ambassadeur d'Israël à l'ONU, Danny Danon, a estimé dans un communiqué que "les révélations d'aujourd'hui prouvent une nouvelle fois que l'influence dangereuse de Téhéran au Proche-Orient ne fait que s'amplifier".