Un responsable militaire, qui a requis l'anonymat, a imputé à Al-Qaïda les attentats à la voiture piégée à Khalf, dans la banlieue est de Moukalla, chef-lieu de la province du Hadramout, mais le groupe jihadiste rival Etat islamique (EI) a revendiqué un attentat dans ce secteur où il est habituellement inactif.
Un kamikaze a forcé son chemin à l'entrée d'une base navale où il a fait exploser sa voiture piégée, ouvrant la voie à un deuxième kamikaze qui a fait sauter son véhicule à l'intérieur de la base. Simultanément, des affrontements à l'arme automatique ont opposé, en dehors de la base, des militaires aux assaillants, selon lui.
Entretemps, un troisième kamikaze a mis le cap sur la résidence du commandant de la deuxième région militaire, le général Faraj Salmine, où il a fait sauter son véhicule piégé, mais sans toucher l'officier, selon la même source.
"Au moins 15 soldats ont été tués et plusieurs blessés dans les attentats et les affrontements avec les combattants d'Al-Qaïda", a-t-il déclaré à l'AFP, après que deux soldats blessés ont succombé à l'hôpital Ibn Sina à Moukalla.
Daech revendique Daech a très vite revendiqué un attentat à Khalf, précisant dans un communiqué mis en ligne que le kamikaze, identifié comme Hamza al-Mouhajer, "a fait exploser sa voiture piégée contre un QG des miliciens apostats (du président Abd Rabbo Mansour) Hadi (...), faisant des tués et des blessés".
Il s'agit de la première opération revendiquée dans ce secteur par l'EI qui n'avait jusqu'ici pas fait acte de présence dans la vaste province du Hadramout, l'un des principaux bastions d'Al-Qaïda, fortement implanté depuis des années dans le sud et le sud-est du Yémen.
Les attaques ont précédé l'arrivée d'une délégation conduite par le Premier ministre Ahmed ben Dagher pour une visite symbolique à Moukalla, reprise le 24 avril à Al-Qaïda qui l'avait contrôlée pendant un an.
M. ben Dagher s'est ensuite rendu sur les lieux des attaques à Khalf, selon une source gouvernementale.
La veille, le commandant de la première division militaire, le général Abderrahman al-Halili, a été blessé dans un attentat suicide à la voiture piégée à Wadi Hadramout. Quatre personnes ont péri dans l'attentat revendiqué par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) dans un communiqué cité par SITE, le centre américain de surveillance des sites islamistes.
Ces attentats font suite à une vaste offensive pour chasser Al-Qaïda et Daech dans des régions du sud du pays. Ces groupes jihadistes ont profité de la guerre civile opposant les rebelles chiites Houthis aux forces gouvernementales pour élargir leur influence.
L'offensive a permis aux forces proHadi de reprendre des quartiers d'Aden, la capitale "provisoire" du Yémen, et de chasser les jihadistes des provinces d'Abyane et de Lahj et plus récemment de Moukalla.
Des forces spéciales des Emirats arabes unis, un pilier de la coalition arabe qui aide le pouvoir yéménite face aux rebelles, ont joué un rôle crucial dans la reprise de Moukalla.
Les Etats-Unis, qui considèrent Aqpa comme la branche la plus dangereuse du réseau fondé par Oussama ben Laden, ont aidé eux aussi à la reconquête de Moukalla, a indiqué le Pentagone en faisant état du déploiement à cette fin d'un "très petit nombre" de soldats américains sur le terrain au Yémen.C'est la première fois que le Pentagone a confirmé un retour de soldats américains au Yémen depuis le départ en mars 2015 des dernières troupes américaines du pays.