Moscou avait dépêché dans ce pays parmi les plus pauvres du monde des "instructeurs militaires" depuis 2018, puis des centaines de paramilitaires il y a dix mois à la demande de Bangui, confrontée à une rébellion menaçante. Ces "instructeurs" ont largement contribué à aider l'armée à repousser les rebelles hors des plus grandes villes.
La France, ancienne puissance coloniale, mais aussi l'ONU, ont accusé ces paramilitaires d'être des "mercenaires" de Wagner qui commettent, selon eux, des exactions contre les civils et ont instauré un régime de "prédation" des ressources de la Centrafrique.
"Il y a un acharnement (...) et un souhait d'infantiliser la République centrafricaine et ses autorités qui doivent s'arrêter", a déclaré au cours d’un entretien téléphonique à l’AFP Sylvie Mbaïpo-Temon, la ministre des Affaires étrangères, en réaction à des propos tenus dimanche dernier par son homologue français Jean-Yves Le Drian.
"Lorsqu'ils pénètrent dans un pays, ils multiplient les violations, les exactions, les prédations pour se substituer parfois même à l'autorité du pays", avait déclaré le chef de la diplomatie française sur la chaîne de télévision France 5.
"Wagner c'est d'abord une société de mercenaires russes qui fait la guerre par procuration pour le compte de la Russie même si la Russie s'en défend (...) Ça ne trompe personne", avait martelé le ministre français.
"L'exemple le plus spectaculaire c'est la République centrafricaine où finalement, pour pouvoir se payer, ils confisquent la capacité fiscale de l'Etat", avait-il ajouté, en référence aux "instructeurs russes" venus apporter également "une assistance technique" aux services douaniers centrafricains de mai à octobre.
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Sylvie Mbaïpo-Temon s'est dite à ce sujet "stupéfaite" de la réaction "extrême" et "mensongère" de son homologue, vantant "une expérience russe très bénéfique pour le Trésor centrafricain".
La France et la Russie se livrent dans le pays une guerre d'influence, Paris accusant son ancienne colonie d'être "complice" d'une campagne anti-française orchestrée par Moscou sur les réseaux sociaux et certains médias.
En Centrafrique, "le discours antifrançais a permis de légitimer une présence de mercenaires prédateurs russes au sommet de l'Etat avec un président Touadéra qui est aujourd'hui l'otage du groupe Wagner", avait notamment asséné le 30 mai le président français Emmanuel Macron.
Quelques jours après, Paris gelait son aide budgétaire et suspendait sa coopération militaire.