Sergio Marchionne était hospitalisé à Zurich, en Suisse, depuis une opération fin juin, officiellement à une épaule. Mais il a souffert de "complications inattendues" la semaine dernière et FCA avait annoncé samedi qu'il ne reviendrait pas à la tête du plus important employeur privé d'Italie.
"C'est avec la plus grande tristesse qu'Exor a appris le décès de Sergio Marchionne", à l'âge de 66 ans, a fait savoir la holding de la famille Agnelli, propriétaire historique de Fiat, dans un communiqué.
"Malheureusement, ce que nous craignions est arrivé. Sergio Marchionne, l'homme et l'ami, est parti. Je pense que le meilleur moyen d'honorer sa mémoire est de construire sur l'héritage qu'il nous a laissé, cultiver (ses) valeurs d'humanité, de responsabilité et d'ouverture morale", a affirmé le patron d'Exor, John Elkann, petit-fils de Gianni Agnelli, la figure historique de Fiat.
"C'est un moment très difficile et très triste", a déclaré lors d'une conférence avec les analystes Mike Manley, le patron de Jeep qui a pris samedi sa succession à la tête de FCA. Manager aux éternels pulls ou polos noirs, Sergio Marchionne avait pris les commandes de Fiat en 2004 et avait profondément remodelé le groupe, d'abord en le redressant puis en l'alliant en 2009 à l'américain Chrysler.
A Rome, les députés italiens ont observé une minute de silence, qui s'est terminée par des applaudissements. "L'annonce de sa disparition nous peine et laisse un vide en tous ceux qui ont connu et apprécié ses qualités humaines, intellectuelles et professionnelles", a salué le président italien, Sergio Mattarella. "Marchionne a écrit une page importante de l'histoire de l'industrie italienne (...), en montrant au monde la capacité et la créativité de la réalité manufacturière de notre pays", a-t-il ajouté.
Sergio Marchionne est l'homme qui a sauvé Fiat de la faillite. Les médias et une grande partie de la classe politique n'ont d'ailleurs cessé ces derniers jours de lui rendre hommage, même si son franc-parler et sa culture anglo-saxonne ont souvent fait grincer des dents.
Pour Silvio Berlusconi, "l'Italie perd non seulement son plus brillant manager, mais aussi une figure symbolique. Il a représenté ce que l'Italie a de meilleur: celle qui travaille, concrète, sérieuse et préparée, dotée d'une vision et capable de regarder vers l'avenir. Une Italie qui n'a pas peur de la compétition". "J'aurais voulu le voir à la tête de notre pays", a ajouté le magnat des médias.
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Dans les usines du groupe en Italie, mais aussi dans le fief de Ferrari à Maranello, les drapeaux étaient en berne et toutes les chaînes de montage se sont arrêtées 15 minutes en son hommage. La plupart des syndicats ont salué son intelligence, ses capacités de direction, son charisme et son énergie, même si certains ont rappelé qu'il avait été "un rude négociateur".
"Un grand manager mais aussi un homme d'une grande humanité", a noté Mgr Cesare Nosiglia, archevêque de Turin, le berceau de Fiat. Le président du directoire du groupe automobile PSA, Carlos Tavares, qui se disait ouvert aux propositions de partenariat, y compris de FCA, a salué "la mémoire d'un grand capitaine d'industrie qui demeurera un exemple pour nous tous" dans un entretien au quotidien Les Echos.
Samedi, face à l'inéluctabilité de sa mort prochaine, le groupe a dû trouver en urgence des successeurs à Sergio Marchionne. Le patron de Jeep, Mike Manley, a pris la tête de FCA, et celui de Philip Morris, Louis Carey Camilleri, celle de Ferrari, tandis que la présidence de CNH Industrial est désormais assurée par la Britannique Suzanne Wood.
Malgré les circonstances, FCA a maintenu mercredi l'annonce de résultats trimestriels très décevants: le groupe a été contraint de revoir à la baisse ses objectifs pour 2018 après une chute de 35% de son bénéfice net au deuxième trimestre, à 754 millions d'euros. Conséquence, l'action FCA a dévissé un temps de plus de 10% à la Bourse de Milan, et perdait encore près de 8% en début d'après-midi.