Venezuela: l’opposition appelle pour la première fois à la mobilisation

Des opposants au président vénézuélien Nicolas Maduro participent à un rassemblement devant le siège des Nations unies à Caracas, le 30 juillet 2024. AFP or licensors

La cheffe de l’opposition vénézuélienne Maria Corina Machado a appelé à la mobilisation contre le pouvoir de Nicolas Maduro, dont la réélection à la présidence du pays est contestée dans la rue. Jusqu’à présent, l’opposition n’avait jamais appelé à manifester, son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia estimant que les «manifestations» ne contribuaient pas à atteindre «l’objectif».

Le 01/08/2024 à 08h20

La cheffe de l’opposition vénézuélienne Maria Corina Machado a appelé à la mobilisation contre le pouvoir de Nicolas Maduro, dont la réélection à la présidence du pays est contestée dans la rue. «Nous avons proposé au régime d’accepter démocratiquement sa défaite (...) mais il a choisi la voie de la répression, de la violence et du mensonge. Il nous appartient maintenant à tous de faire valoir la vérité. Mobilisons-nous», a écrit Mme Machado dans un message posté mercredi soir sur X.

Jusqu’à présent, l’opposition n’avait jamais appelé à manifester. Son candidat, Edmundo Gonzalez Urrutia, avait même estimé lundi que les «manifestations» du jour ne contribuaient pas à «l’objectif». Mais les déclarations de Nicolas Maduro ont montré qu’il n’entendait pas céder le pouvoir et l’opposition, qui comptait sur la pression internationale, a changé de stratégie.

Mercredi, Nicolas Maduro a menacé d’emprisonner les deux chefs de l’opposition, jurant que ses adversaires n’arriveraient «jamais au pouvoir». «M. Gonzalez Urrutia, montrez votre visage, sortez de votre cachette, ne soyez pas lâche, Mme Machado (...) vous avez du sang sur les mains», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse avec des correspondants étrangers, la première depuis presque deux ans, au palais présidentiel de Miraflores.

«Fraude massive»

Héritier du leader socialiste et bolivarien Hugo Chavez, Nicolas Maduro, 61 ans, au pouvoir depuis 2013, a été proclamé réélu pour un troisième mandat jusqu’en 2031, à l’issue du scrutin de dimanche remporté avec 51,2% des voix contre 44,2% à son adversaire, selon les résultats officiels.

Dénonçant une «fraude massive» et affirmant détenir les preuves de la victoire de son candidat, l’opposition a demandé au Conseil national électoral (CNE) de publier le détail du vote et exige que les bulletins soient recomptés de manière transparente.

Depuis lundi, au moins 11 personnes ont été tués au cours des manifestations, selon des ONG. Les autorités ont fait état d’un 12ème mort, un soldat tué par balle. Selon le parquet, 77 fonctionnaires ont été blessés, et plus de 1.000 personnes interpellées. Mme Machado, a parlé mercredi d’un nouveau bilan de «16 meurtres» et «11 disparitions forcées» notamment.

«Usage disproportionné de la force»

Mercredi, à l’appel du pouvoir, des centaines de partisans de M. Maduro sont descendus dans la rue pour rallier le palais présidentiel de Caracas. Plus tôt dans la journée, Nicolas Maduro s’est dit «prêt à publier 100%» des pièces justifiant de sa réélection.

Le G7 a appelé Caracas à «publier en pleine transparence les résultats électoraux détaillés», tandis que le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a appelé à «mettre fin à la répression et à la rhétorique violente» contre l’opposition.

Plusieurs ONG, dont Amnesty International, ont dénoncé dans un communiqué commun «l’usage disproportionné de la force par les forces de sécurité vénézuéliennes» et exigé des autorités qu’elles « respectent et garantissent la liberté d’expression et de réunion pacifique ».

Dans la région, la Colombie, le Brésil et le Mexique échangent actuellement pour «créer les conditions nécessaires» au retour de «la paix» au Venezuela, a indiqué mercredi Bogota. Neuf pays d’Amérique latine ont déjà appelé ensemble à un «réexamen complet (des résultats) avec la présence d’observateurs électoraux indépendants».

En représailles, le Venezuela a retiré son personnel diplomatique de sept de ces États et rompu ses relations avec le Pérou qui a reconnu le candidat d’opposition en tant que président «légitime».

Le Venezuela, longtemps une des nations les plus riches d’Amérique latine, est l’objet de sanctions américaines depuis 2017 et se trouve aujourd’hui empêtré dans une crise sans précédent: effondrement de la production pétrolière, PIB réduit de 80% en dix ans, pauvreté et systèmes de santé et éducatif délabrés.

Par Le360 (avec AFP)
Le 01/08/2024 à 08h20