Jeune chargée en communication, Dinanda Pramesti, 26 ans, a déposé cette semaine des sacs chargés de courses sur le trajet d'une manifestation à Washington, où comme dans plus de 140 villes du pays, des dizaines de milliers de personnes dénoncent les brutalités policières, le racisme et les inégalités sociales.
L'information lui a été soufflée par un collectif de jeunes de la région de la capitale américaine, qui se sont tous rencontrés sur Twitter en exprimant leur indignation au lendemain de la mort à Minneapolis de M. Floyd, un homme noir de 46 ans, sous le genou d'un policier blanc. "Ils m'ont dit qu'ils avaient besoin de vivres et de matériel pour aider les manifestants sur le terrain", confie Dinanda à l'AFP.
Réunis sous le nom "FreedomFightersDC", le groupe échange tous les jours sur une messagerie cryptée avec d'autres collectifs de la capitale américaine, Black Lives Matters en tête, pour coordonner les actions de la journée, avant qu'ils les diffusent toutes en vitesse à leurs sympathisants via réseaux sociaux, SMS et newsletters, détaille une porte-parole du mouvement à l'AFP.
Fournissant une information précise à des milliers de personnes, "les réseaux sociaux sont un peu le canal de l'action révolutionnaire", estime l'association, dont le mot d'ordre est "No Justice, No Peace" ("Pas de Justice, Pas de Paix"). En une semaine, FreedomFightersDC se targue d'avoir ainsi rallié 20.000 abonnés et levé à elle seule des dizaines de milliers de dollars pour financer les cautions libératoires des personnes arrêtées durant les actions dans la capitale.
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L'organisation reçoit tous les jours des centaines de messages sur leurs différents comptes de sympathisants qui comme Dinanda, proposent aides en tous genres. Et réclame en écho genouillères, provisions, et masques à gaz.
Alors que le soleil se couche devant la résidence de Donald Trump où plusieurs milliers de manifestants bravent le couvre-feu pour crier leur colère, on aperçoit ces bénévoles proposer barres de céréales, bouteilles d'eau ou du lait pour se rincer les yeux du gaz lacrymogène. Ailleurs dans le pays, les réseaux sociaux sont tout aussi précieux pour les sympathisants de cette cause, dont la mobilisation rappelle le mouvement des droits civiques des années 60.
Ces plateformes ont d'abord joué un rôle crucial dans la diffusion de la vidéo de l'asphyxie de George Floyd, qui a ravivé les plaies raciales du pays et poussé le mouvement à dépasser les frontières américaines. A New-York, le compte Instagram @justiceforgeorgenyc, sorti de terre juste après et suivi par 85.000 personnes, annonce toutes les manifestations du jour, les lieux et les heures, et même la météo. Il invite ceux qui ne peuvent pas manifester à chanter de leurs fenêtres.
De la même façon, le compte @whatswrongwithmollymargaret sert de relais dans la ville de Minneapolis, où George Floyd est mort et où ont débuté les émeutes. A Los Angeles, plusieurs comptes proposent une assistance juridique à toute personnes arrêtée pendant une manifestation du mouvement, ou qui a été blessée par les forces de l'ordre.
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Responsables politiques, sportifs et célébrités, de Beyoncé à LeBron James, Snoop Dogg à la réalisatrice Ava DuVernay, usent de leur notoriété sur les plateformes pour signaler leur propre participation à ces démonstrations, les cagnottes destinées à financer le mouvement, ou diffuser eux aussi des informations utiles au mouvement.
A l'image de l'élue Alexandria Ocasio-Cortez, dont la publication sur Instagram sur comment s'habiller et se protéger pendant les manifestations -s'attacher les cheveux, laisser ses lentilles et bijoux chez soi, apporter un encas- a été "aimée" plus de 550.000 fois. Elles aussi partagées massivement, les vidéos montrant des brutalités policières durant la répression de ces manifestations parfois violentes, nourrissent quotidiennement la colère.