Les dirigeants des principales puissances économiques mondiales se retrouveront le lundi 18 novembre au sommet du G20 à Rio de Janeiro, où le Brésil espère des avancées sociales, au sein d’un bloc déchiré par les conflits au Proche-Orient et en Ukraine.
La réunion du G20 sera un grand test pour le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, champion du «Sud global» et allié prisé des Occidentaux. Test plus sérieux encore pour un multilatéralisme mal en point, tandis que la réélection de Donald Trump aux États-Unis préfigure un nouveau virage isolationniste et le risque de guerres commerciales à partir de l’an prochain. La première économie mondiale sera représentée à Rio par un Joe Biden au crépuscule de son mandat.
Ce sommet du G20 a lieu en même temps que la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, au terme d’une année où les crises climatiques ont éprouvé le monde -et spectaculairement le Brésil, entre inondations, sécheresse et feux de forêt. La dernière séance plénière, mardi, portera sur «le développement durable et la transition énergétique». L’an dernier, lors du sommet du G20 en Inde, le groupe s’était prononcé pour un triplement des énergies renouvelables d’ici 2030, mais sans appeler à la sortie des énergies fossiles.
Le grand absent de ce sommet sera le président russe Vladimir Poutine, qui avait déjà manqué les dernières éditions et qui a annoncé qu’il ne se rendrait pas à Rio pour éviter de «perturber» les débats. Son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov fera le déplacement.
Le président chinois Xi Jinping sera en revanche présent et jouera même les prolongations, avec une visite d’État à Brasilia dans la foulée. La Chine est le premier partenaire commercial du Brésil, et les deux pays ont cherché ensemble, sans succès, à se poser en médiateurs sur le dossier ukrainien.
Ce conflit, ainsi que l’offensive israélienne en Palestine et au Liban, seront dans tous les esprits à Rio. «Nous sommes en négociation avec tous les pays au sujet des paragraphes sur la géopolitique de la déclaration finale (...) afin que l’on arrive à un langage consensuel sur ces deux sujets», a expliqué Mauricio Lyrio, négociateur en chef de la diplomatie brésilienne pour le G20.
Lutte contre la faim et taxation des «super-riches»
Mais cela ne devrait pas empêcher le Brésil d’«obtenir des consensus» autour de sujets érigés en priorités pour sa présidence du G20, comme la lutte contre la faim ou la taxation des «super-riches», prévoit Flavia Loss, spécialiste en relations internationales de l’Ecole de sociologie et politique de Sao Paulo (Fespsp).
À la tête de la première puissance économique d’Amérique latine, Lula avait donné le ton en mai dernier: «Beaucoup de gens insistent pour diviser le monde entre amis et ennemis, mais les plus vulnérables ne sont pas intéressés par des dichotomies simplistes», avait-il lancé.
La première séance plénière du sommet de Rio, lundi matin, portera justement sur le lancement officiel de l’Alliance globale contre la faim et la pauvreté, initiative-phare de Lula, ancien ouvrier né dans une famille pauvre. Cette alliance va rassembler des pays du monde entier et des institutions internationales afin de dégager des moyens financiers pour lutter contre la faim ou répliquer les initiatives qui fonctionnent localement.
Sur la taxation des «super-riches», les pays du G20 s’étaient engagés à «coopérer pour faire en sorte que les personnes très fortunées soient effectivement imposées», à l’issue d’une réunion des grands argentiers du groupe à Rio fin juillet. Reste à savoir si les leaders reprendront cet engagement à leur compte, et dans les mêmes termes.