Un 1er mai fortement mobilisateur contre la réforme des retraites, émaillé de violences

Des voitures incendiées en marge d'une manifestation le 1er mai, à Nantes, en France, le 1er mai 2023.. AFP or licensors

Près de 800.000 personnes selon la police, 2,3 millions selon les syndicats, ont défilé hier lundi dans toute la France lors d’un 1er mai «combatif», marqué par des violences et une intersyndicale toujours unie contre la réforme des retraites.

Le 02/05/2023 à 07h25

Si elle était loin des niveaux record de la fin janvier, lorsque près de 1,3 million de personnes avaient défilé selon le ministère de l’Intérieur, la mobilisation lors de cette première fête du Travail unitaire depuis 2009 est restée forte, bien au-delà d’un 1er mai classique, galvanisée par le refus de la réforme des retraites.

Le ministère de l’Intérieur a compté 782.000 manifestants dont 112.000 à Paris, alors que la CGT en a revendiqué 2,3 millions, dont 550.000 à Paris. «C’est une journée très forte qui montre la détermination à obtenir le retrait de la réforme des retraites. On a fait mentir tous les pronostics, puisque le gouvernement annonçait qu’il y aurait une démobilisation», s’est réjouie la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet sur BFMTV. «C’est un gros 1er mai. Ce n’est pas un baroud d’honneur, c’est la contestation du monde du travail de cette réforme», avait également souligné le leader de la CFDT, Laurent Berger.

Après plus de trois mois de conflit, les manifestants se disaient toujours autant déterminés à obtenir son retrait, à l’instar de Lucie Acker à Strasbourg. «Je ressens de la colère, de la révolte même contre le mépris de ce gouvernement. Je suis vraiment écœurée par l’entrée en vigueur de la réforme des retraites. J’ai même ressenti une forme d’humiliation d’être à ce point ignorée», a dénoncé cette cadre en collectivité territoriale de 42 ans.

Violents heurts

Les défilés ont été marqués par des heurts violents dans plusieurs villes de France, et principalement à Paris, Nantes et Lyon. «Dans de nombreuses villes de France, ce 1er mai a été un moment de mobilisation et d’engagement responsables. Les scènes de violence en marge des cortèges en sont d’autant plus inacceptables. Soutien à nos forces de l’ordre», a tweeté la Première ministre, Elisabeth Borne.

«Si la très grande majorité des manifestants furent pacifistes bien sûr, à Paris, Lyon et Nantes notamment, les forces de l’ordre font face à des casseurs extrêmement violents venus avec un objectif: tuer du flic et s’en prendre aux biens des autres», a dénoncé sur Twitter le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

À Paris, «un policier a été grièvement blessé, brulé à la suite d’un jet de cocktail Molotov», a poursuivi M. Darmanin, qui a ensuite fait état de 406 policiers et gendarmes blessés et 540 interpellations en France. Un tel nombre de forces de l’ordre blessées «un 1er-Mai, c’est extrêmement rare», a-t-il dit.

Grenades et cocktails Mototov

Dans la capitale, les violences se sont intensifiées à l’arrivée du pré-cortège place de la Nation, point final du défilé. Des «black blocs» ont notamment fait usage de feux d’artifice en tir tendu sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué à grand renfort de lacrymogènes et de grenades défensives. La préfecture de police faisait état en soirée de 111 interpellations et de 25 blessés parmi les forces de l’ordre, dont 24 transportés à l’hôpital.

À Nantes, les affrontements, qui ont duré une bonne partie de l’après-midi, ont fait cinq blessés, dont un gendarme et un manifestant touché à une main, selon la préfecture. Les autorités ont notamment fait état de 54 interpellations à Lyon, 31 à Besançon ou 23 à Bordeaux.

«Deux échéances dans le viseur»

Ce 1er mai intervient après la validation de l’essentiel du texte par le Conseil constitutionnel et sa promulgation dans la foulée. À gauche, le premier secrétaire du PS Olivier Faure a salué sur Twitter une «immense démonstration de force d’un peuple qui ne se résigne pas à subir». «Le peuple reprend la maîtrise de son destin», a salué sur le réseau social la patronne des députés LFI, Mathilde Panot.

De leur côté, les syndicats ont maintenant «deux échéances dans le viseur» selon Mme Binet: le 3 mai, lorsque les «Sages» se prononceront sur une deuxième demande de référendum d’initiative partagée (RIP), et surtout le 8 juin, lorsqu’une proposition de loi du groupe des députés Liot abrogeant la réforme sera au menu de l’Assemblée et pourrait servir de motif à une nouvelle journée de manifestations.

Par Le360 (avec AFP)
Le 02/05/2023 à 07h25