Tunisie: le pèlerinage juif de la Ghriba sous haute surveillance

Le pèlerinage de la Ghriba est placé sous forte protection depuis 2002 après avoir été frappé par un attentat-suicide qui avait fait 21 morts,

Le pèlerinage de la Ghriba est placé sous forte protection depuis 2002 après avoir été frappé par un attentat-suicide qui avait fait 21 morts, . DR

Des centaines de personnes sont attendues ce mercredi 6 mai à Djerba pour le traditionnel pèlerinage juif de la Ghriba, placé sous très haute surveillance après l'attentat du Bardo et une mise en garde d'Israël contre des projets d'attaques sur le sol tunisien.

Le 06/05/2015 à 10h58

Des barrages ont été installés aux accès de l'île de Djerba (sud), où se trouve la Ghriba, la plus ancienne synagogue d'Afrique. Visiteurs et véhicules étaient contrôlés par la police à l'entrée de la "Hara kbira", le "grand quartier" juif de l'île, a constaté mardi soir une journaliste de l'AFP.

La Tunisie compte aujourd'hui près de 1.500 juifs, contre 100.000 en 1956 avant l'indépendance. La majorité vit à Djerba. En plus des pèlerins tunisiens, quelque 500 personnes venues de France, d'Israël, d'Italie, mais aussi de Grande-Bretagne et des Etats-Unis doivent participer mercredi et jeudi à cet évènement festif, selon un organisateur.

Pendant le pèlerinage de la Ghriba, organisé chaque année au 33ème jour de la Pâque juive, les pèlerins prient, allument des cierges et déposent des œufs barrés de vœux dans une cavité au fond de la synagogue. Ils portent ensuite la "Menara", un objet de culte monté sur un tricycle et décoré de foulards auparavant vendus aux enchères dans une ambiance de kermesse, lors d'une courte procession étroitement encadrée par la police.

Le pèlerinage annuel de la Ghriba, visé en 2002 par un attentat-suicide au camion piégé (21 morts) revendiqué par Al-Qaïda, est toujours placé sous forte protection. Mais il fait l'objet cette année d'une vigilance accrue après l'attentat du 18 mars au musée du Bardo à Tunis, revendiqué par l'organisation Etat islamique (EI), dans lequel 21 touristes étrangers et un policier tunisien ont été tués.

Israël a en outre récemment assuré disposer d'informations faisant état de "projets d'attentats terroristes contre des objectifs israéliens ou juifs en Tunisie", en conseillant de ne pas se rendre dans ce pays. Un responsable du ministère de l'Intérieur avait démenti auprès de l'AFP l'existence de menaces à l'encontre de la Ghriba, et M. Gharsalli avait assuré dimanche à Djerba que la Tunisie était "capable de protéger les juifs et les visiteurs de la Ghriba mieux que d'autres pays".

"Les plus hauts degrés" de sécurité sont en place pour le pèlerinage, a insisté mardi le ministre, en faisant état de la "vigilance jour et nuit" des forces de l'ordre. D'après M. Gharsalli, la réussite du pèlerinage est importante car elle renforcera l'"image de coexistence, de civilisation et de tolérance" de la Tunisie.

Seules quelques centaines de visiteurs étrangers sont toutefois attendues cette année, selon l'un des organisateurs de l'évènement, René Trabelsi, loin des quelque 8.000 personnes qui affluaient généralement avant l'attentat de 2002.

Par Driss Douad (avec AFP)
Le 06/05/2015 à 10h58