À l’unanimité de ses membres, la Cour suprême américaine a refusé vendredi de suspendre une loi interdisant la plateforme TikTok, à moins que son propriétaire chinois, ByteDance, n’accepte de la vendre d’ici le 19 janvier.
Les neuf hauts magistrats ont estimé que même si «TikTok offre un important mode d’expression, d’interaction et d’appartenance à une communauté», les inquiétudes du Congrès «en matière de sécurité nationale» sont «bien fondées».
Le sort de TikTok aux États-Unis dépend désormais en bonne partie du futur président Donald Trump. La Maison Blanche a mis la balle dans le camp du prochain gouvernement, qui prendra ses fonctions lundi.
Donald Trump, qui avait lui-même essayé de bannir TikTok à la fin de son premier mandat en 2020, s’est dit favorable, à plusieurs reprises, à ce que l’application soit préservée aux États-Unis. Vendredi, il a souligné que la décision de la Cour devait être «respectée», mais dit avoir «besoin de temps» pour statuer sur le sort du réseau social, promettant une décision «dans un avenir assez proche».
Dimanche minuit
Les élus républicains et démocrates avaient adopté en avril dernier une loi destinée à empêcher les autorités chinoises d’accéder aux données des utilisateurs du réseau social aux États-Unis ou de tenter de manipuler l’opinion américaine.
Le ministère américain de la Justice a fait savoir vendredi que sa mise en application allait s’étaler dans le temps, posant la question de ses effets à très court terme. Le texte impose théoriquement aux fournisseurs d’accès à internet et d’hébergement des données, et aux boutiques d’applications, de bloquer les téléchargements et mises à jour de l’application à partir de minuit dans la nuit de samedi à dimanche.
«TikTok sera malheureusement contraint de s’éteindre le 19 janvier», a annoncé l’entreprise sur X vendredi soir, à moins que «le gouvernement de Joe Biden ne fournisse immédiatement des garanties sur la non-application de la loi aux fournisseurs de service essentiels».
Donald Trump a évoqué TikTok lors d’une conversation téléphonique vendredi avec le président chinois, Xi Jinping. Et le patron du réseau social, Shou Chew, fait partie des invités d’honneur pour sa cérémonie d’investiture lundi.
«Je tiens à remercier le président Trump pour son engagement à travailler avec nous afin de trouver une solution qui permette à TikTok de rester disponible aux États-Unis», a déclaré Shou Chew dans une vidéo postée sur la plateforme vendredi.
Solutions alternatives
«Nous allons mettre en place des mesures pour empêcher que TikTok n’éteigne la lumière» aux États-Unis, a assuré jeudi sur la chaîne Fox News Mike Waltz, nommé conseiller à la Sécurité nationale par Donald Trump.
La loi prévoit un délai de 90 jours si la Maison Blanche peut montrer qu’elle progresse vers un accord viable, mais ByteDance et Pékin ont jusqu’ici catégoriquement refusé toute vente, même si plusieurs investisseurs américains se sont positionnés.
Dans ce contexte incertain, les annonceurs présents sur TikTok sont divisés. «Certains parient sur une extinction (de la plateforme), tandis que d’autres sont plus optimistes et pensent qu’elle continuera après dimanche», a commenté Courtney Spritzer, patronne de l’agence de marketing numérique Socialfly.
Sur l’appli, de nombreux créateurs de contenu américains ont publié des vidéos combinant leurs moments favoris de ces dernières années et des messages d’adieu appelant à les suivre sur d’autres plateformes, y compris des alternatives chinoises, en se moquant ouvertement des inquiétudes de leurs élus.
Les trois applications les plus téléchargées sur la boutique d’Apple cette semaine étaient trois plateformes de vidéos: la chinoise Xiaohongshu («Petit Livre Rouge»), Lemon8, autre filiale de ByteDance, et l’américaine Clapper. TikTok figurait elle-même dans le top 10.
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