Soudan: annonce d’un cessez-le-feu de 72 heures entre les belligérants

Quelque 200 personnes originaires de 14 pays ont débarqué, le 24 avril 2023, à la base navale du roi Faisal à Jeddah à la suite d'une opération d'évacuation au Soudan.

Un cessez-le-feu de 72 heures entre l’armée soudanaise et les paramilitaires du FSR, conclu sous l’égide des Etats-Unis, est entré en vigueur ce mardi. Un délai que la communauté internationale espère utiliser pour négocier une cessation permanente des hostilités.

Le 25/04/2023 à 07h29

Un cessez-le-feu de 72 heures conclu au Soudan entre les belligérants sous l’égide des États-Unis est officiellement entré en vigueur mardi, après 10 jours de combats qui ont fait plusieurs centaines de morts et provoqué un exode massif.

L’armée et les paramilitaires ont confirmé le cessez-le-feu, mais on ignore encore si les combats ont cessé dans la capitale Khartoum. Depuis plusieurs jours, les belligérants avaient déjà annoncé accepter des pauses, avant de s’accuser l’un l’autre d’avoir brisé la trêve.

«Après d’intenses négociations ces dernières 48 heures, l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR) ont accepté de mettre en oeuvre un cessez-le-feu dans tout le pays», a affirmé dans un communiqué le secrétaire d’État américain Antony Blinken, peu avant l’entrée en vigueur de la trêve à minuit (22H00 GMT lundi).

Dans une déclaration sur Facebook, les Forces armées soudanaises, menées par le général Abdel Fattah al-Burhane, ont indiqué qu’elles respecteraient le cessez-le-feu à condition que leurs rivaux fassent de même. Les paramilitaires des FSR, dirigés par le général Mohamed Hamdane Daglo, ont également annoncé une «trêve dédiée à l’ouverture de couloirs humanitaires et pour faciliter les déplacements des civils».

Khaled Omar Youssef, le porte-parole des Forces de la liberté et du changement (FLC), le bloc civil historique du Soudan, a déclaré se féliciter «d’une médiation américaine, pour la mise en place de cette trêve humanitaire».

«Elle donnera lieu à un dialogue sur les modalités d’un cessez-le-feu définitif», précise-t-il, alors que le secrétaire d’État américain indique travailler avec les alliés et les partenaires à la mise en place d’une «commission» chargée de négocier une cessation permanente des hostilités au Soudan.«Durant cette période, les États-Unis s’attendent à ce que l’armée et les FSR respectent pleinement et immédiatement ce cessez-le-feu», a prévenu M. Blinken.

Les évacuations se poursuivent

Explosions, raids aériens et tirs n’ont pas cessé depuis le 15 avril à Khartoum, poussant à l’exode des milliers d’habitants de la capitale plongée dans le chaos. Ceux qui ne peuvent s’enfuir tentent de survivre, privés d’eau et d’électricité, soumis aux pénuries de nourriture et aux coupures d’internet et de téléphone.

Les combats ont déjà fait plus de 427 morts et 3.700 blessés, selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires.

Les capitales étrangères sont parvenues à négocier des passages avec les deux belligérants. Des Chinois, plusieurs dizaines de Sud-Africains et des centaines de ressortissants de pays arabes ont pu partir lundi par la route, la mer ou les airs. Plus de 1.000 ressortissants de l’UE ont eux aussi été évacués.

Environ 700 employés internationaux de l’ONU, d’ONG et d’ambassades «ont été évacués vers Port-Soudan», a indiqué l’ONU. Des dizaines d’autres employés humanitaires ont été évacués vers le Tchad depuis le Darfour. Volker Perthes, le chef de la mission de l’ONU, a en revanche annoncé qu’il resterait au Soudan.

La plupart des étrangers évacués sont des membres du personnel diplomatique, comme ceux des États-Unis et du Royaume-Uni. De nombreux ressortissants attendent toujours une place dans les longs convois de voitures blanches ou les bus qui partent en continu de Khartoum.

« Un long voyage»

«Alors que les étrangers qui le peuvent s’enfuient, l’impact des violences sur une situation humanitaire déjà critique s’aggrave», prévient l’ONU, dont les agences ont suspendu leurs activités. Dans un pays où l’inflation est déjà à trois chiffres en temps normal, le kilo de riz ou le litre d’essence s’échangent désormais à prix d’or. Or le carburant est la clé pour s’échapper vers l’Egypte ou pour rallier Port-Soudan et espérer monter dans un bateau.

Lundi soir, près de 200 personnes originaires de plus de 20 pays, ont débarqué dans la ville côtière de Djeddah après un voyage périlleux et épuisant pour se mettre à l’abri.

«Nous avons fait un long voyage de Khartoum à Port-Soudan. Ça nous a pris environ 10 ou 11 heures» puis «encore 20 heures sur ce bateau pour aller de Port-Soudan à Djeddah», a déclaré à l’AFP un ressortissant libanais, Suhaib Aicha, sa petite fille sanglotant dans ses bras.

Par Le360 (avec AFP)
Le 25/04/2023 à 07h29