Si le logo X, noir et blanc, apparaît bien une fois connecté au site, son adresse reste, pour l’instant, Twitter.com.
L’application mobile, elle, représentait toujours l’image du volatile lancée en 2006, tandis que des lettres avaient été retirées de l’enseigne au siège de l’entreprise à San Francisco, a constaté une journaliste de l’AFP lundi.
Dès dimanche, Elon Musk avait changé sa photo de profil sur Twitter, la remplaçant par le nouveau logo, décrit comme «minimaliste art déco».
«Nous dirons bientôt “adieu” (en français, NDLR) à la marque Twitter et, progressivement, à tous les oiseaux», avait-il tweeté la veille, à la surprise générale.
Interrogé par un internaute, M. Musk avait également indiqué que les tweets seraient appelés des X après le changement de nom.
X est un symbole mathématique que l’entrepreneur affectionne particulièrement.
X.com était le nom et le site internet de la banque en ligne fondée par Elon Musk en 1999 et devenue plus tard le service de paiement en ligne PayPal.
Il a également repris le symbole pour la compagnie aérospatiale SpaceX, la holding qui a acquis Twitter (appelée X Corp) et la start-up dédiée à l’intelligence artificielle (IA) xAI, dévoilée mi-juillet, ainsi que pour le prénom d’un de ses enfants, un garçon baptisé X Æ A-12.
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Ce changement d’identité survient dans une période délicate pour Twitter, dont les revenus publicitaires ont chuté de 50%, la plateforme étant désertée par de nombreux annonceurs échaudés par le remaniement brutal d’Elon Musk et des décisions jugées difficilement lisibles.
Depuis le rachat de Twitter l’an dernier pour 44 milliards de dollars, M. Musk a régulièrement évoqué depuis son projet nébuleux de le transformer en application multi-facettes, avec des services financiers, comme WeChat en Chine.
«Nouveau départ»
«Fonctionnant par IA, X nous connectera d’une manière que nous commençons à peine à imaginer», a détaillé la nouvelle directrice générale de l’entreprise, Linda Yaccarino, dimanche sur Twitter.
«X est l’état futur de l’interactivité illimitée — centrée sur l’audio, la vidéo, la messagerie, les paiements/la banque — créant un marché mondial pour les idées, les biens, les services et les opportunités», a-t-elle ajouté.
«Il n’y a absolument aucune limite à cette transformation. X sera la plateforme qui pourra fournir, eh bien... tout», a-t-elle poursuivi.
«Pendant des années, les fans comme les détracteurs ont poussé Twitter à rêver plus fort, à innover plus vite, à accomplir notre potentiel. X fera ça et plus encore», a assuré cette ancienne cadre de NBCUniversal, recrutée par M. Musk notamment pour tenter de rassurer les annonceurs.
«Un changement de nom peut signaler une évolution stratégique, moderniser une marque ou aider à sortir d’une crise d’image», explique Vanitha Swaminathan, professeure de marketing à l’université de Pittsburgh. «Dans le cas de Twitter, c’est les trois à la fois.»
Cela pourrait offrir «un nouveau départ» au réseau social, estime l’universitaire, «mais il faut que cela soit suivi de mesures spécifiques qui montrent qu’il se passe effectivement quelque chose».
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«Ce changement est une erreur marketing monumentale», a rétorqué, sur Twitter, l’entrepreneur Sam Kelly. «Twitter est une marque mondiale iconique, à la valeur immense. Toute une terminologie s’est créée autour d’elle», comme le verbe tweeter, passé dans le langage courant, «ce qui ne peut pas être répliqué avec “X”».
Simon Kemp, PDG du cabinet de conseil numérique Kepios, s’est dit sceptique quant à la capacité de Twitter à devenir une super-application, ce qui nécessiterait, au passage, des investissements massifs, alors qu’Elon Musk s’est essentiellement concentré sur la réduction des coûts jusqu’ici.
«Etant donné la façon dont M. Musk a traité les salariés de Twitter depuis son acquisition» du réseau social, «je n’imagine pas que de nombreux développeurs se précipiteront» pour rejoindre l’entreprise et «créer des applications» nouvelles, «à moins que M. Musk ne puisse offrir des incitations exceptionnelles», ce qui «sera encore plus délicat compte tenu de l’endettement actuel de la société», a jugé M. Kemp.
Toutefois, la plateforme pourrait devenir «un excellent agrégateur d’informations» mondiales et payantes, a-t-il estimé.
Le réseau social est confronté à une myriade d’applications concurrentes, dont le nouveau venu lancé par Meta, Threads, qui compte environ 117 millions d’utilisateurs, selon le cabinet spécialisé Quiver Quantitative.
Twitter réunissait, de son côté, un peu plus de 200 millions d’utilisateurs quotidiens, début juillet, selon la société spécialisée SensorTower.