Dans l’ordre hiérarchique de l’Exécutif, il était le troisième homme fort après le président et le Premier ministre. Ramtane Lamamra, ministre d’Etat aux Affaires étrangères depuis 2013, n’a pourtant pas été reconduit au gouvernement post législatives 2017 dirigé par Abdelmajid Tebboune. Une éviction qui a surpris tout le monde, y compris le premier concerné qui peine à digérer l'humiliation d'avoir été écarté du poste le plus stratégique de l'Exécutif algérien, au profit de son subordonné, Abdelkader Messahel, qui de ministre délégué auprès de Ramtane Lamamra est devenu depuis le 26 mai le patron du puissant département des Affaires étrangères!
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Et comme un malheur n'arrive jamais seul, un journal de la place a dernièrement enfoncé le clou en évoquant une éventuelle nomination de Lamamra au poste d'"ambassadeur" d'Alger à Paris! Une "promotion!" à laquelle le désormais ex-ministre d'Etat se serait férocement opposé via ses relais médiatiques qu'il a réactivés dans l'espoir de montrer que son éviction du nouveau casting gouvernemental était une erreur!Une erreur? Pas sûr, du moins pour le clan présidentiel qui semble avoir de bons arguments à avancer pour expliquer la mise à l'écart de celui que l'on surnommait à l'autre bout de la frontière, "le Pitbull de la diplomatie algérienne"! Pour mettre un bémol à la litanie des pleureuses à laquelle se livre via ses relais médiatiques ce "Lamamra blessé", un site progouvernemental s'est fendu hier samedi 10 juin d'un article-fleuve dans lequel il égrène, l'une après l'autre, les raisons de cette éviction.
Lamamra: "Amar Belani m'a tuer"! Première raison, et elle n'est pas des moindres: les erreurs de casting que le ministre aux binocles grossissants a enchaînées depuis sa nomination par le président Bouteflika à la tête du MAE en 2013, après une décennie passée à la tête de la commission "Paix et sécurité" relevant de l'Union africaine. "Il n’est un secret pour personne que la bonne gouvernance et le succès de toute politique dépendent du choix des hommes et des femmes choisis pour sa mise en œuvre. En cela, nous dit-on, toute la posture de Lamamra à l’égard de la gestion d’un département qui, en principe, ne lui était pas inconnu, fut basée sur de faux calculs (...), une série de (mauvaises) nominations à des postes aussi stratégiques que prestigieux à l’instar de New York, de Moscou et de Bruxelles, dans lesquels le choix des tempéraments et des aptitudes des hommes est plus déterminant que les affinités avec le ministre", pointe ce site progouvernemental Algérie 1.
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Vous avez bien lu: parmi les erreurs (fatales) commises par l'ancien ministre d'Etat Lamamra, la nomination de l'ex-porte-parole du MAE, Amar Belani, à ce poste stratégique d'ambassadeur d'Alger à Bruxelles. "A Bruxelles où la technicité des dossiers qui nous lient à l’Union européenne aurait commandé le choix d’un diplomate bucheur, discret et peu hâbleur, Lamamra a préféré nommer un cadre à la personnalité extravertie exagérément portée sur l'exhibitionnisme médiatique au détriment du travail de coulisse", explique ledit site progouvernemental, chargeant sans le nommer le très bavard Amar Belani, qui s’est davantage illustré par ses diatribes sonores et ses écrits dégoulinants de haine anti-marocaine que par un travail de diplomate digne de ce nom.
La nomination de ce personnage vulgaire à un poste aussi sensible pour l'Algérie que celui d'ambassadeur à Bruxelles a fait l'effet d'un coup de massue pour les relations algéro-européennes. Une nomination que rien ne justifiait pourtant, en dehors de cette indiscrétion ébruitée récemment par un média algérien.
«Amar Belani aurait bénéficié d’une durée de séjour à l’Administration centrale plutôt écourtée par rapport à ses collègues, depuis son rappel de Malaisie en 2009. Pour son affectation à Bruxelles en 2013, dans le cadre du tout premier mouvement diplomatique proposé par Ramtane Lamamra, il aurait fait valoir l’impératif d’une bonne prise en charge d'un souci de santé qu’il ne pouvait plus concilier avec le stress de sa fonction de porte-parole qu’il assumait jusque-là», a asséné notre confrère.
Décryptons: Amar Belani a obtenu le poste d'ambassadeur à Bruxelles, non pas par mérite, mais en faisant "valoir l'impératif d'une bonne prise en charge médicale".
Seulement voilà, objecte la même source, «depuis qu’il est à Bruxelles, les raisons de santé semblent s’être inversées, et Amar Belani passerait davantage de temps à Alger qu’à Bruxelles»! Plus encore, il a abandonné son poste bruxellois pour se transformer en scribouillard. Et il espère que la virulence de ses attaques contre le Maroc maintiendra son salaire en euros qui tombe chaque fin de mois.
Marocophobie, la vocation ratée de Lamamra
Il va de soi que Lamamra est le plus marocophobe des apparatchiks octo et nonagénaires. On y eût vu la raison de son rappel à Alger en 2013 du siège d'Addis Abeba où il a officié en tant que commissaire à la paix et la sécurité (UA).
Depuis, rien ne va plus ou presque entre le Maroc et l'Algérie. Conscient qu'il a dû ses "galons" de ministre d'Etat aux AE à cette légendaire hostilité anti-marocaine chère aux apparatchiks ossifiés, il en a rajouté au point d'ôter le masque et montrer à la face du monde qu'Alger était bel et bien partie prenante au conflit saharien, comme l'a si bien souligné le Conseil de sécurité dans sa dernière résolution 2351. La présence du numéro 3 du MAE algérien, à l'occasion d'une récente réunion aux Caraïbes sur les "territoires non autonomes", et l'agression physique qu'il a commise à l'encontre d'un diplomate marocain, démontre cette implication algérienne dans le dossier.
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Une contre-performance entre autres à mettre au passif du "ministre Pitbull", notamment ses rodomontades infructueuses au sujet du retour du Maroc à l'Union africaine (acté le 1er janvier 2017), ses gesticulations verbeuses autour l'accord agricole entre le Maroc et l'Union agricole (renégocié envers et contre Alger et son guignol polisarien), sans oublier le retentissant fiasco du Forum dit d'affaires improvisé fin 2016 dans la tentative de contrer l'aura économique du Maroc en Afrique...
Le coût de cette politique anti-marocaine est à l'évidence énorme, autant que le soutien au Polisario qui aurait redoublé sous le mandat de Ramtane Lamamra.
Chantre de la diplomatie du "portefeuille", le ministre d'Etat s'est jeté aussi à fonds perdu dans le financement de la "médiation" algérienne en Libye. "Certains dossiers de médiations internationales ont coûté très cher à la République", certifie le site progouvernemental, en allusion aux sommes colossales déboursées par le département Lamamra après la signature le 17 décembre 2015 des accords interLibyens de Skhirat.
Jalousie, quand tu nous tiens! "Des dépenses inutiles, des redites et des rallonges", déplore ledit site d'information algérien. A juste titre d'ailleurs, quand on sait que le Parlement de l'Est libyen et son homme fort le général Khalifa Haftar ont dénoncé à travers cette "médiation" une ingérence dans les affaires internes de leur pays.Tunisiens et Maliens, entre autres pays du voisinage algérien, ne cachent pas non plus leur agacement concernant ce genre de "médiation" claironnée qui plus est par un champion de la "diplomatie spectacle". Le ministre qui faisait beaucoup de "ramdam" autour de sa petite personne.