Un nouveau record de longévité vient d’être battu haut la main par l’Algérie de Bouteflika. Passons sur l’épisode «vernien» des 80 jours passés par Abdelmajid Tebboune débarqué moins de trois mois après sa nomination, le 25 mai dernier, par le président Bouteflika. Le record est tel que l'éphémère «Premier ministre» n'a même pas eu le temps de boucler les 100 jours accordés naturellement à un nouveau gouvernement pour être viré sans autre forme de grâce. Ce jeudi, c'est un nouveau record mondial de longévité qui vient d'être battu. Avez-vous déjà entendu parler d'un «ministre d'1 heure»? Messaoud Benagoun, puisque c'est de lui qu'il s'agit, eut-il à peine le temps d'apprendre que son nom figurait en tant que «ministre du Tourisme» sur la liste officielle du gouvernement Ouyahia, annoncé jeudi 17 août, qu'il se voyait déjà renié et largué dans le vide! Il y avait, figurez-vous, «erreur» sur la liste officielle!
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Or, il se trouve que le (malheureux) Benagoun n'en est pas à sa première douche froide. Rappelez-vous: au lendemain de la nomination de M. Tebboune, le 25 mai dernier, le même Benagoun avait été désigné au poste de «ministre du Tourisme et de l'Artisanat» pour être viré 24 heures après!
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Et pour cause, le plus jeune ministre du (défunt) gouvernement Tebboune serait «un faussaire». Il aurait truqué ses diplômes universitaires pour décrocher le maroquin de ministre du Tourisme et de l'artisanat!
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Voilà, le mot est lâché. Sauf que là, surgit cette inévitable question: depuis quand la compétence et le mérite président-ils au choix des ministres en Algérie? En Algérie, du moins durant le règne de la famille Bouteflika, les personnalités de l'Etat sont choisies selon leur degré de servilité à son «excellence monsieur le président de la République» mais aussi et surtout à son frère, Saïd Bouteflika, véritable meneur du jeu politique.
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M. Tebboune, débarqué du piédestal de la primature, en sait quelque chose. Il a été viré pour avoir simplement voulu demander des comptes à un «pote» de Saïd Bouteflika, en l'occurrence le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Ali Haddad. Il n'en a pas fallu plus pour que l'éphémère ex-premier ministre essuie une sévère humiliation de la part du «frère du président», lors des récentes funérailles de l'ancien résistant Rhéda Malek, quand Saïd a ostensiblement affiché son soutien à Ali Hadda, poussant l'outrecuidance jusqu'à l'inviter à embarquer, à la fin des obsèques, dans la même voiture présidentielle!
Une véritable humiliation infligée à un Premier ministre dont le seul «délit» est d'avoir simplement voulu en finir avec la connivence entre la politique et les affaires, incarnée par le patron des patrons algériens Ali Haddad, sponsor officiel de la campagne de Bouteflika pour la présidentielle de 2014.
Or, la présidentielle de 2019 est aux portes. Qu'y aurait-il de mieux que le très servile Ahmed Ouyahia, -«homme des sales besognes», comme aiment tant à l'appeler les Algériens-, pour assurer au clan Bouteflika une pérennité à la tête de l'Etat algérien, ou ce qu'il en reste? Saïd Bouteflika, qui prend les manettes de commande abandonnées par son frère malade, n'aurait pas trouvé mieux. Avec un gouvernement lui obéissant au doigt à l'oeil, il se serait en effet garanti les clefs du très convoité palais présidentiel (El Mouradia).
Seul problème pour le clan Bouteflika: il lui faut compter avec le chef d'état-major de l'armée algérienne, le général Gaïd Salah, qui lorgne aussi le très enviable fauteuil présidentiel!