M. Tillerson, plus haut responsable américain à se rendre en Turquie depuis l'entrée en fonctions de l'administration de Donald Trump, s'est entretenu dans la matinée à Ankara avec le Premier ministre Binali Yildirim avant une rencontre prévue avec le président Recep Tayyip Erdogan.
Des responsables des deux pays, alliés au sein de l'Otan, ont affirmé que M. Tillerson et ses interlocuteurs turcs aborderaient notamment la guerre en Syrie où les deux pays sont impliqués.
La Turquie dénonce régulièrement le soutien apporté par Washington en Syrie aux milices kurdes des YPG dans la lutte contre le groupe Etat islamique. Ankara considère les YPG comme un groupe terroriste émanant du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).
Ce soutien, sujet permanent de tension entre Ankara et l'administration de l'ancien président Barack Obama, se poursuit sous celle de Trump en dépit d'appels réguliers de responsables turcs à y mettre fin.
La visite de M. Tillerson survient au lendemain de l'annonce mercredi par Ankara de la fin de l'opération "Bouclier de l'Euphrate" lancée en Syrie en août dernier, sans spécifier si les troupes turques s'en retireraient pour autant.
Un autre point de friction concerne le prédicateur Fethullah Gülen installé aux Etats-Unis et dont Ankara, qui l'accuse d'être responsable du putsch manqué du 15 juillet réclame en vain l'extradition depuis plusieurs mois.
Deux autres sujets de potentielle tension ont émergé à la veille de la visite de Rex Tillerson.
Un cadre du géant bancaire turc Halkbank a été arrêté à New York mardi, soupçonné d'avoir enfreint les sanctions imposées par les Etats-Unis à l'Iran. M. Yildirim a affirmé que le sujet serait abordé et qu'Ankara suivait de près ce dossier.
Par ailleurs, la Turquie a réagi vivement après la révélation d'un coup de téléphone passé par le consulat américain d'Istanbul à un meneur présumé du putsch manqué, Adil Öksüz, actuellement en fuite.
L'ambassade américaine à Ankara a affirmé mercredi que cet appel, passé quelques jours après la tentative de coup d'Etat, visait à prévenir M. Öksüz de la révocation de son visa pour les Etats-Unis du fait d'une coopération avec les autorités turques.
Mais M. Yildirim a jugé ce communiqué "pas convaincant".