"Il prépare son retour, c'est évident", glissait la semaine dernière une source au sein de son parti, Les Républicains (LR, droite). A droite, chaque déclaration de l'ancien chef de l'Etat est scrutée et les conjectures ont repris de plus belle après sa réaction ulcérée aux propos du nouveau patron du parti, Laurent Wauquiez.
Dans un cours enregistré à son insu, son ancien ministre laissait entendre, avant de publiquement présenter ses excuses, que Nicolas Sarkozy faisait écouter les membres du gouvernement au palais présidentiel de l'Élysée. Cette "grotesque" affaire a aussitôt été démentie par son entourage mais est venue s'ajouter à d'autres épisodes sur le parcours de l'ex-président, par ailleurs renvoyé en correctionnelle dans l'affaire Bygmalion, née d'une suspicion de surfacturations au détriment de l'ex-UMP (devenue LR) au profit de sa campagne électorale.
Moins d'un an et demi après sa défaite sans appel au premier tour de la primaire de la droite, Nicolas Sarkozy a multiplié les apparitions ces dernières semaines : discours au Sénat sur sa révision constitutionnelle de 2008, interventions médiatiques en soutien d'une campagne contre le cancer des enfants, sur ses goûts littéraires ou encore sa passion pour le sport. "Pas mal pour un retraité", avait-il glissé avec gourmandise à un cadre LR.
"Ce ne sont plus des cartes postales mais des parchemins", commentait une autre source au sein du parti, évoquant la stratégie post-2012 de l'ancien chef de l'Etat, qui avait reconquis l'UMP (rebaptisée Les Républicains) pour tenter de prendre sa revanche face à François Hollande, avant les séismes de la primaire puis de l'élection d'Emmanuel Macron.
Lire aussi : Ancien président français, Nicolas Sarkozy placé en garde à vue
Malgré la sobriété impeccable de ses discours de défaite, tant en 2012 qu'en novembre 2016, Nicolas Sarkozy n'a jamais vraiment renoncé à peser sur le jeu politique dans lequel il s'est invité avec fracas dès 1983. Ce "petit Français de sang-mêlé" -son expression de la campagne victorieuse de 2007- n'a alors que 28 ans lorsqu'il réussit à s'emparer de la mairie de Neuilly-sur-Seine, près de Paris, au nez et à la barbe de Charles Pasqua, pourtant un politique aguerri.
Doté d'un enthousiasme communicatif, d'une fougue verbale liée à une gestuelle saccadée, Sarkozy a eu, tout au long de sa carrière politique (maire, député, ministre, président de parti, chef de l'État), le don de se faire autant aimer par les uns que détester par les autres.
Un temps exclu du jeu à droite, il redevint incontournable pour la réélection de Jacques Chirac à la présidentielle de 2002, avant de défier, depuis les rangs du gouvernement, l'ancien président et de s'ouvrir les portes de l'Élysée dès sa première tentative en 2007. "Président bling-bling" pour les uns, gestionnaire méritant de la crise financière de 2008 pour les autres, il devint ensuite le premier président de la République à être battu en sollicitant un second mandat depuis Valéry Giscard d'Estaing (1974-1981).
Mais les luttes fratricides à droite lui ouvrent ensuite la voie vers un premier retour. Il peut, dès 2013, mesurer sa cote auprès des militants de son parti: un "sarkothon" permet d'engranger 11 millions d'euros pour compenser l'invalidation de ses comptes de campagne par le Conseil constitutionnel. En 2018, encore, son nom déclenche des records à l'applaudimètre dans les réunions publiques de LR.
"Moi, j'ai un lien particulier avec les Français. Il peut se distendre, il peut se retendre, mais il existe", affirmait en 2013 cet homme petit et râblé, châtain aux yeux bleus qui prend soin de sa ligne, "addict" -le mot est de lui- au vélo et au jogging, marié en 2008 à l'ex-mannequin et chanteuse Carla Bruni et père d'une petite fille, après avoir eu trois enfants de deux précédents mariages.