Pétrolier arraisonné par l'Iran: la réponse de Londres sera connue ce lundi

Le Stena Impero, pétrolier battant pavillon britannique, a été saisi par Téhéran dans le détroit d'Ormuz. 

Le Stena Impero, pétrolier battant pavillon britannique, a été saisi par Téhéran dans le détroit d'Ormuz.  . DR

Après une réunion de crise présidée par la Première ministre Theresa May et des consultations avec ses alliés européens, le Royaume-Uni doit annoncer ce lundi sa réponse à l'arraisonnement par l'Iran, dans le détroit d'Ormuz, du pétrolier battant pavillon britannique.

Le 22/07/2019 à 13h15

"Le navire a été saisi sous des prétextes faux et illégaux et les Iraniens devraient le libérer immédiatement avec son équipage", a déclaré à la presse le porte-parole de la dirigeante.

"Nous ne cherchons pas la confrontation avec l'Iran mais s'emparer d'un navire qui fait des affaires légitimes par des voies maritimes internationalement reconnues est inacceptable", a-t-il ajouté, jugeant que cette opération alimentait une escalade des tensions dans le Golfe.

De son côté, le porte-parole du gouvernement iranien, Ali Rabii, a affirmé lundi que la saisie du pétrolier "était une mesure légale" nécessaire pour "assurer la sécurité régionale".

Cette crise intervient dans un contexte politique très délicat pour les Britanniques, puisque Theresa May, qui n'a pas réussi à mettre en œuvre le Brexit, quittera ses fonctions mercredi.

La cheffe du gouvernement conservateur présidait depuis 09H30 GMT une réunion interministérielle de crise à Downing Street, au cours de laquelle sera notamment abordée la question "du maintien de la sécurité de navigation dans le Golfe".

Candidat à la succession de Theresa May, le chef de la diplomatie britannique Jeremy Hunt devrait informer lundi le Parlement des "mesures" que le Royaume-Uni compte prendre.

Jeremy Hunt s'est entretenu hier, dimanche 21 juillet, avec ses homologues français et allemand, avec qui il a convenu que "la sécurité du passage des navires dans le détroit d'Ormuz est une priorité absolue pour les pays européens", selon le Foreign Office.

Quelles mesures le Royaume-Uni pourrait-il décider? "Nous allons examiner une série d'options", a déclaré dimanche le secrétaire d'Etat à la Défense Tobias Ellwood, sans plus de précisions.

Interrogé par la BBC sur des gels d'avoirs, le ministre des Finances Philip Hammond a répondu: "Nous avons déjà un large éventail de sanctions contre l'Iran, en particulier des sanctions financières, il n'est donc pas clair qu'il existe d'autres choses immédiates que nous pouvons faire, mais nous étudions bien sûr toutes les options".

Propriété d'un armateur suédois, le pétrolier Stena Impero a été arraisonné vendredi par les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, au motif qu'il n'aurait pas respecté le "code maritime international", une version récusée par les Britanniques.

Le navire et ses 23 membres d'équipage sont retenus au large du port de Bandar Abbas, dans le sud de l'Iran.

Son arraisonnement a eu lieu quelques heures après la décision de la Cour suprême de Gibraltar, territoire britannique situé à l'extrême sud de l'Espagne, de prolonger de 30 jours la détention d'un pétrolier iranien, le Grace 1.

Ce tanker, soupçonné de vouloir livrer du brut à la Syrie -ce que Téhéran nie- en violation des sanctions européennes, a été saisi le 4 juillet par les forces britanniques.

L'arraisonnement du Stena Impero, et l'impuissance des Britanniques à le prévenir, a relancé au Royaume-Uni le débat sur sa puissance militaire.

"Il ne fait aucun doute que la (réduction) de la taille de la Royal Navy depuis 2005 - passée de 31 frégates et destroyers à 19 aujourd'hui - a eu un impact sur notre capacité à protéger nos intérêts partout dans le monde", a souligné sur la BBC le contre-amiral à la retraite Alex Burton.

Certains s'interrogeaient également sur la pertinence de la saisie du Grace 1, une opération qui, selon le ministre espagnol des Affaires étrangères Josep Borrell, aurait eu lieu à la "demande" des Etats-Unis.

"Que diable pensaient les politiciens et les responsables britanniques qui ont donné leur feu vert"?, se demandait l'éditorialiste Patrick Cockburn, spécialiste du Proche-Orient, dans The Independent.

"Croyaient-ils vraiment que les Iraniens ne se vengeraient pas de ce qu'ils considèrent comme une grave escalade dans la guerre économique américaine contre eux ?".

Les relations entre Téhéran et Washington se sont envenimées depuis le retrait unilatéral américain, en mai 2018, de l'accord international limitant le programme nucléaire iranien conclu en 2015.

La région du Golfe et du détroit d'Ormuz, par où transite un tiers du pétrole acheminé par voie maritime sur la planète, se trouve au cœur des tensions.

Le 22/07/2019 à 13h15