Ryad et Moscou, piliers de l’alliance Opep+, comme d’autres membres de l’organisation des pays exportateurs de pétrole, ont annoncé dimanche prolonger leurs coupes volontaires de production tout au long du premier semestre, dans le but de soutenir des cours de l’or noir, plombés par l’incertitude économique mondiale.
L’Arabie saoudite va continuer de sabrer son volume d’un million de barils par jour (bpj) pour la période d’avril à juin, selon son ministère de l’Énergie, cité par l’agence de presse officielle saoudienne (SPA). La Russie a également fait état d’une extension à hauteur de 471.000 bpj, portant à la fois sur la production et les exportations. Dans les deux cas, ces mesures s’ajoutent à la réduction de 500.000 barils annoncée en avril 2023 et qui court jusqu’à fin 2024.
Ryad compte sur les prix élevés du pétrole pour financer un important programme de diversification économique, destiné précisément à sortir le royaume de sa dépendance à l’exportation de brut. Pour Moscou qui, face aux sanctions occidentales, a réorienté ses exportations en masse vers la Chine et l’Inde, c’est aussi une manne essentielle pour financer son offensive militaire en Ukraine.
Au sein de l’Opep+, d’autres pays leur ont emboîté le pas et vont resserrer les vannes trois mois de plus, comme l’Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït et le Kazakhstan. Cette stratégie coordonnée avait été dévoilée au printemps 2023 pour un total de 1,6 million de barils quotidiens, avant d’être renforcée au cours de l’été.
Des cours stables ce lundi
Dans la perspective de ces prolongations, les prix du pétrole avaient bondi le vendredi 1er mars, le West Texas Intermediate (WTI) américain s’élevant ponctuellement au-delà de 80 dollars, une première depuis novembre. Le baril de Brent de la mer du Nord était lui parvenu à un sommet en un mois, terminant à 83,55 dollars.
Les prix sont toutefois restés stables ce lundi: vers 10H15 GMT (11H15 à Rabat), le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mai, gagnait quelque 0,01% à 83,56 dollars, alors que son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en avril, perdait 0,08% à 79,91 dollars.
On est bien loin de l’éphémère envolée à près de 100 dollars, fin septembre, et surtout des 140 dollars atteints à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine. Pourtant l’alliance ne ménage pas ses efforts: elle garde au total plus de 5 millions de barils par jour sous terre comparé à fin 2022, jouant sur la raréfaction de l’offre pour doper les cours.
L’Opep, qui réunit 13 membres sous la houlette de Ryad, a choisi de nouer en 2016 une alliance avec dix autres pays, dont Moscou, sous la forme d’un accord appelé Opep+, pour répondre aux défis posés par la concurrence américaine. Objectif: que «les décisions soient prises collectivement ou au moins que le fardeau soit partagé entre un plus grand nombre de personnes», explique à l’AFP Jorge Leon, analyste chez Rystad Energy.
Or depuis près d’un an maintenant, l’Arabie saoudite se passe de l’unanimité des membres devant les divergences. «C’est un signal clair que la cohésion de l’Opep+ n’est pas très bonne», un «signal d’alarme», estime l’analyste.
Une unité vacillante au point que l’Angola a annoncé en décembre se retirer de l’alliance, justement sur fond de discorde quant à ses quotas, désormais réduite à 22 membres. Le Brésil vient certes de rejoindre le groupe mais en qualité d’«observateur».