Le baril de Brent est descendu, le mardi 10 septembre, sous 69 dollars en séance, son cours le plus bas depuis décembre 2021, une baisse entraînée par le moindre appétit mondial pour le pétrole. Cette variété de la mer du Nord, principale référence mondiale du marché du brut, a chuté de 3,69%, pour clôturer à 69,19 dollars. Depuis mi-juillet, le Brent a perdu près de 19%.
Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain avec échéance en octobre a lui lâché 4,31%, à 65,75 dollars, après avoir touché un plus bas depuis 16 mois.
La baisse s’est accélérée avec la publication du rapport mensuel de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui a revu en baisse ses prévisions de consommation pour 2024 et 2025. Le cartel table désormais sur 104,2 et 105,9 millions de barils par jour pour cette année et la prochaine, contre 104,3 et 106,1 jusqu’ici.
«La consommation en Chine reste un sujet d’inquiétude», a noté le rapport, qui prévient que les mesures de soutien du gouvernement «pourraient être d’une ampleur insuffisante pour stimuler la consommation de façon significative».
Dans le même temps, l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) a elle aussi réduit ses prévisions, tant pour 2024 que 2025. Elle a également mentionné la Chine, où «de nouveaux chiffres montrent un ralentissement de la demande de gazole, de kérosène et du rythme d’activité des raffineries».
«L’Opep perd de son influence»
«Les données économiques moroses en provenance de la Chine et des Etats-Unis» renforcent les «perspectives sombres de la demande», explique Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank. Elles se conjuguent à «une offre abondante en dehors de l’Opep+» pour concourir à la chute des prix. La décision de huit membres de l’alliance élargie Opep+, jeudi, de repousser de deux mois, d’octobre à décembre, l’accélération de leur production, n’a pas permis d’enrayer l’affaissement des cours.
Pour Mark Waggoner, d’Excel Futures, l’Opep+ ne peut pas aller au-delà des coupes de production déjà initiées, dans la mesure où d’autres acteurs se sont substitués au cartel et rognent sur ses parts de marché. «Doucement, mais sûrement, l’Opep perd de son influence», prévient l’analyste, qui estime même que les cours «seraient inférieurs de 10 dollars (le baril) sans la situation au Moyen-Orient».
Le climat général incite les investisseurs à la prudence, qui plus au coeur d’un mois de septembre réputé difficile pour les marchés. Entre l’élection présidentielle américaine, le manque de conviction sur la trajectoire économique des Etats-Unis et la vitesse de l’assouplissement monétaire à venir, «il y a énormément d’incertitude», selon Mark Waggoner. «Et les gens n’aiment pas ça.»