Perquisitions en Espagne visant des biens de la famille Assad

Rifaat al-Assad, l'oncle du président syrien, à Paris en 2012. 

Rifaat al-Assad, l'oncle du président syrien, à Paris en 2012.  . DR

Des perquisitions visant des biens de la famille du président syrien Bachar al-Assad en Espagne, en particulier son oncle Rifaat, étaient en cours mardi 4 avril dans la station balnéaire de Marbella (sud), a-t-on appris de source judiciaire.

Le 04/04/2017 à 15h41

Ces perquisitions de la garde civile, menées pour l'essentiel dans le luxueux port de plaisance de Puerto Banus (Andalousie), découlent d'une enquête menée en France visant Rifaat al-Assad pour recel de détournement de fonds publics et blanchiment, précise-t-on de même source.

Le patrimoine immobilier de Rifaat al-Assad et sa famille en Espagne est évalué à 691 millions d'euros, selon cette source, qui a précisé que "toutes ces propriétés ont été saisies".

"Le juge Jose de la Mata coordonne une opération judiciaire contre Rifaat al-Assad, oncle de l'actuel président de la Syrie, pour blanchiment de capitaux en bande organisée à Puerto Banus et Marbella", indique cette source.

L'oncle du président, avait été expulsé de Syrie dans les années 1980 par le père de Bachar al Assad, Hafez al-Assad qui craignait qu'il n'orchestre un coup d'Etat contre lui.

Selon la justice espagnole, il aurait alors remis à son frère quelque 300 millions de dollars tirés des caisses de l'Etat et qui lui ont servi à acquérir des biens en France.

Rifaat al-Assad, désormais âgé de 79 ans, aurait accumulé un patrimoine immobilier impressionnant en France, mais aussi au Liechtenstein, au Luxembourg et à Curaçao. L'enquête française et la coopération judiciaire au niveau européen ont ensuite entraîné l'ouverture d'une enquête en Espagne.

Celle-ci a permis d'établir que Rifaat et sa famille y possédaient 503 propriétés: des maisons de vacances, des appartements d'hôtel de luxe, des places de garage et même des propriétés rurales, selon la justice espagnole.

Presque toutes se trouvent dans la région de Marbella et notamment à Puerto Banus.

L'une d'entre elles, "La Maquina", s'étend sur plus de 3.300 hectares et occupe un tiers de la localité de Benahavis, proche de Marbella ville. Sa valeur tournerait autour de 60 millions d'euros.

Le juge a aussi bloqué les comptes en banque de 16 personnes et 76 autres comptes appartenant à des personnes morales.

Ces perquisitions interviennent alors que la justice française vient de valider des saisies de biens appartenant à Rifaat al-Assad en France.

Dans des arrêts rendus le 27 mars, la cour d'appel de Paris a rejeté des appels de Rifaat al-Assad et confirmé les saisies opérées sur plusieurs sociétés détenant des biens immobiliers dans les quartiers huppés de la capitale française.

Parmi eux, deux hôtels particuliers situés dans le 16e arrondissement, dont l'un de 6.000 mètres carrés, sur la prestigieuse avenue Foch, décrit l'une de ces sources à l'AFP. Figure aussi la saisie d'une créance de 9,5 millions d'euros qu'une des sociétés détenait sur la ville de Paris, après l'expropriation d'un terrain par la mairie, pour construire des logements sociaux.

Après la plainte d'une association luttant contre les crimes économiques, Sherpa, les enquêteurs avaient évalué à environ 90 millions d'euros le patrimoine détenu en France par Rifaat al-Assad et sa famille, entre ses biens immobiliers à Paris, un haras dans le Val-d'Oise, près de Paris, ou un ensemble de bureaux à Lyon.

Rifaat al-Assad a été mis en examen en France le 9 juin 2016 pour recel de détournement de fonds publics et blanchiment en bande organisée de fraude fiscale aggravée.

Alors que le juge d'instruction français le soupçonne d'avoir détourné des fonds publics syriens avant de partir en exil en Europe, avec sa famille et sa suite, Rifaat al-Assad s'est défendu en racontant que toute sa richesse provenait de dons de la famille royale saoudienne, qui l'aurait soutenu politiquement depuis les années 1980. Lors d'une audition fin octobre, il a cité les rois défunts Fahd et Abdallah, rapporte une source proche du dossier.

Il a également assuré ne pas s'occuper de son patrimoine, disant ignorer les documents qu'il signe.

Le 04/04/2017 à 15h41