Le chef d’état-major de l’armée algérienne, Said Chengriha, a reçu, hier jeudi 12 août 2021, le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Mali, chef de la mission multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), El Ghassim Wane. Ce dernier était l’invité de Ramtane Lamamra, parallèlement au ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, venu assister à une nouvelle session du comité bilatéral stratégique algéro-malien, convoquée par l’Algérie.
Pour rappel, El Ghassim Wane, diplomate mauritanien, a travaillé pendant une vingtaine d’années au sein de l’Union africaine comme, entre autres, chargé de la gestion des conflits au sein de la Commission paix et sécurité, longtemps chasse gardée de l’Algérie, avant de devenir, il y a cinq ans, sous-secrétaire général de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix, puis émissaire onusien au Mali depuis mars dernier.
Si la rencontre de mercredi, entre le diplomate onusien et le ministre algérien des Affaires étrangères, s’inscrit dans l’ordre des choses, puisque l’Algérie est frontalière du Mali et a une part de responsabilité dans le conflit qui y prévaut, la réception en grande pompe du chef de la Minusma par le général Said Chengriha, dans les locaux mêmes de l’état-major de l’armée algérienne, sent en revanche de forcing à des fins de propagande.
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En effet, lors de cette entrevue, le chef de l’armée algérienne, entouré des principaux généraux chargés des différents services de renseignements algériens, a prononcé un long discours, dont le seul objectif était de s’attaquer, comme il en a pris l’habitude, au Maroc, en focalisant sur le Sahara marocain, un dossier qui ne concerne en rien la mission de son invité du jour.
Devant l’émissaire onusien au Mali, Chengriha a ainsi déclaré, selon des propos rapportés par l’agence de presse algérienne (APS): «On ne peut aborder la situation régionale sans évoquer la résurgence du conflit armé au Sahara Occidental, à l’issue de la violation par le Maroc des accords de cessez-le-feu instaurés en 1991 et ce, suite à l’agression de manifestants civils sahraouis le 13 novembre 2020, par les forces armées royales, au Sud des territoires occupés, au niveau de la zone tampon d’El-Guerguerat».
Il a aussi accusé l’ONU et le Conseil de sécurité de «passivité» et d’entretenir «l’impasse» en tardant à désigner un émissaire pour le Sahara, encourageant ainsi «la reprise des hostilités», une fiction entretenue par l’agence officielle algérienne depuis maintenant 10 mois. Et qui n’intéresse personne.
Et Chengriha de pérorer de nouveau: «comme vous le savez, le Sahara Occidental qui est la dernière colonie en Afrique dont le peuple aspire à s’exprimer librement sur son autodétermination, a, maintes fois, fait valoir que les agissements de l’occupant visant à annexer, par la force, les territoires sahraouis et à évacuer la notion de l’observation des droits de l’homme dans les territoires occupés, sont contraires à la charte des Nations unies et à l’acte constitutif de l’Union africaine, dont la République arabe sahraouie démocratique est un membre fondateur».
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Probablement surpris par ces propos très politiques et hors sujet du chef d’état-major de l’armée algérienne, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Mali a diplomatiquement et très brièvement répondu en saluant «le rôle important et pionnier de l'Algérie dans la région», et son assistance au Mali pour «rétablir sa sécurité et sa stabilité».
Le diplomate onusien, qui a relaté sur Twitter son entrevue avec Lamamra mercredi dernier, a évité au contraire d’en faire de même pour sa rencontre non désirée avec Chengriha.
D’ailleurs, le chef d’état-major n’a cessé ces jours-ci de donner de gros signes d’enragement à travers des sorties haineuses contre le Maroc. Ce pisse-haine galonné a été en fait fortement déséquilibré par les gestes d’apaisement sagement initiés par le Maroc, qu’il s’agisse de la main tendue du roi Mohammed VI appelant, le 31 juillet dernier, à l’ouverture des frontières et d’une nouvelle page dans la coopération bilatérale entre les deux pays voisins, ou des instructions royales en vue de mettre à disposition de l’Algérie deux Canadairs pour l’aider dans sa lutte contre les feux de forêts. Des incendies dans lesquelles plus de 28 soldats algériens ont péri, et qui ont donné l’occasion à Chengriha de voir, en se rendant sur les lieux, combien il est exécré par la jeunesse de son pays qui lui a crié à la face: «Dégage!». Le chef de l’armée algérienne a subi une humiliation sans nom de la part des populations kabyles livrées à elles-mêmes, alors qu’il espérait des acclamations. C’est dire jusqu’à quel point les généraux algériens sont déphasés par rapport au peuple et à la réalité du pays.
Cette hystérie anti-marocaine est également perceptible chez le président algérien. Après sa folle prétention de dimanche dernier, où il a feint vouloir jouer aux bons offices entre le Maroc et la prétendue «Rasd», Abdelmadjid Tebboune, dans un discours prononcé jeudi soir, a cité l’arrivée prochaine en Algérie d’aides d’urgence en provenance de France, d’Espagne et de Suisse, sans faire la moindre allusion aux «Canadairs» proposés par le Maroc voisin.Comment peut-il en être autrement, alors que le chef de la junte militaire a répondu par un torrent de haine à la proposition du roi Mohammed VI de porter une aide urgente à l’Algérie pour éteindre les feux qui tuent les populations et détruisent le couvert végétal.