Le Kenya a été visé ces dernières années par de spectaculaires attaques des islamistes somaliens shebab, et une partie de la capitale Nairobi a été bouclée pour la visite de Barack Obama.
Le président américain et son hôte Uhuru Kenyatta ont pourtant adopté un ton résolument optimiste samedi matin en ouvrant ensemble un sommet mondial sur l'entrepreneuriat.
"Je voulais être ici parce que l'Afrique est en marche, l'Afrique est l'une des régions du monde à la plus forte croissance", a lancé Barack Obama. "Les gens sortent de la pauvreté, les revenus sont en hausse, la classe moyenne croît et les jeunes gens comme vous exploitent les technologies pour changer la façon dont l'Afrique fait des affaires".
"Ce discours sur le désespoir africain est faux, et, en fait, n'a jamais été vrai", a estimé Uhuru Kenyatta. "Faites savoir que l'Afrique est ouverte et prête pour les affaires".
Obama et Kenyatta s'entretiendront dans l'après-midi encore d'économie mais surtout de lutte contre l'islamisme radical.
Le pays cible des ShebabLe Kenya, cibles d'attaques répétées des Shebab depuis qu'il a engagé son armée fin 2011 dans le sud somalien pour les combattre, est un partenaire clé des États-Unis dans la région en matière de sécurité. Les Etats-Unis mènent eux-mêmes de régulières attaques de drone contre les shebab en Somalie, privée de réel État central depuis la chute de l'autocrate Siad Barre en 1991, et ont tué en septembre celui qui était alors leur chef, Ahmed Abdi Godane.
Les Shebab, groupe radical affilié à Al-Qaïda qui recrute aussi au Kenya, ont notamment perpétré la tuerie du centre commercial Westgate à Nairobi en 2013 (67 morts) et, plus récemment, en avril, le massacre à l'université de Garissa (nord-est) qui a coûté la vie à 148 personnes, dont 142 étudiants.
Avant son entretien bilatéral avec Uhuru Kenyatta en fin d'après-midi, Barack Obama se rendra au mémorial érigé en mémoire des victimes de l'attentat perpétré en 1998 par Al-Qaïda contre l'ambassade américaine de Nairobi, qui avait fait 224 morts.
“Mon père venait du coin”
A son arrivée vendredi soir, Barack Obama, qui effectue ce voyage sans son épouse Michelle, a été accueilli par son homologue kényan au pied de l'avion présidentiel Air Force One.
La demi-soeur du président, Auma Obama, était également présente sur le tarmac de l'aéroport et est montée avec lui dans "la Bête", la limousine présidentielle ultra-protégée, pour rejoindre un hôtel du centre-ville où le président américain a dîné avec des membres de sa famille kényane.
C'est la première fois qu'un président américain en exercice se rend au Kenya et le pays a déployé plus de 10.000 policiers dans la capitale pour assurer sa sécurité.
"C'est formidable d'être de retour au Kenya", a-t-il encore déclaré samedi. "Je suis fier d'être le premier président américain à venir en visite au Kenya, et évidemment, cela a une valeur personnelle pour moi. Mon père venait du coin".
La visite du président Obama, né à Hawaï d'une mère américaine et d'un père kényan, a longtemps été empêchée par l'inculpation du président Kenyatta devant la Cour pénale internationale (CPI) pour son rôle présumé dans des violences postélectorales fin 2007-début 2008. Mais ces poursuites ont été abandonnées en décembre, faute de preuves.
Le vice-président kényan poursuivi par la CPI
M. Kenyatta a affirmé que son vice-président, William Ruto, lui-même toujours poursuivi par la CPI pour crimes contre l'humanité, serait présent lors des réunions du gouvernement avec Barack Obama. Le vice-président n'était cependant pas à l'aéroport vendredi soir.
Au cours de la visite, les droits des homosexuels devraient également être abordés, bien que le président kényan ait assuré que la question était "un non-sujet" dans son pays et qu'elle ne serait pas officiellement "au programme".
Dimanche, avant de quitter le Kenya pour l'Ethiopie, deuxième et dernière étape de sa tournée africaine, M. Obama rencontrera des membres de la société civile kényane qui déplorent des restrictions croissantes des libertés dans le pays.
Il ne devrait pas se rendre à Kogelo, dans l'ouest du Kenya, sur la tombe de son père, qu'il n'a "jamais vraiment" connu. Barack Obama Senior, un économiste qui travaillait au Trésor public kényan a quitté le foyer familial et les États-Unis lorsque son fils avait 2 ans et demi et est mort en 1982, dans un accident de voiture, à l'âge de 46 ans.