L'assaillant qui a semé la mort dans la discothèque branchée Reina, située au bord du Bosphore, est toujours recherché par les autorités, a indiqué dimanche matin le ministre turc de l'Intérieur,Süleyman Soylu, qui a évoqué une "attaque terroriste". Selon lui, vingt victimes ont d'ores et déjà été identifiées et parmi elles figurent quinze étrangers et cinq Turcs. S.Soylu avait dans un premier temps évoqué vingt et une victimes identifiées, dont seize étrangers. L'attaque a aussi fait soixante-cinq blessés, dont quatre grièvement atteints, a-t-il indiqué.
"Les recherches pour retrouver le terroriste sont toujours en cours. J'espère qu'il va être rapidement capturé", a-t-il ajouté.
L'assaillant a ouvert le feu sur la foule à 01H15 dimanche (22H15 GMT samedi) dans la discothèque où 700 à 800 personnes fêtaient le passage à l'année 2017. Nombre d'entre elles ont plongé dans les eaux glacées du Bosphore pour échapper à la mort, selon les médias turcs.
Cette attaque marque un début d'année 2017 sanglant pour la Turquie, déjà secouée en 2016 par plusieurs attentats meurtriers attribués soit aux terroristes de Daech, soit à la rébellion kurde. Le tireur a abattu un policier et un civil qui se trouvaient devant cette boîte de nuit prisée des touristes étrangers, avant de s'engouffrer à l'intérieur et de commettre un carnage, a précisé le gouverneur de la ville Vasip Sahin.
«Sauvage et impitoyable»
"D'une façon sauvage et impitoyable, il a mitraillé des personnes qui étaient simplement venues célébrer le Nouvel An", a déclaré le gouverneur. Les autorités avaient annoncé avoir déployé 17.000 policiers dans Istanbul afin d'encadrer les festivités du Nouvel An. Elles avaient par ailleurs précisé que des policiers seraient déguisés en père Noël pour détecter la moindre anomalie au sein des foules.
"Nous étions venus pour passer un bon moment aujourd'hui, mais tout s'est soudain transformé en chaos et en nuit d'horreur", a raconté à l'AFP Maximilien, un touriste italien. Le Reina est situé à quelques centaines de mètres de l'endroit où avaient lieu les célébrations officielles du Nouvel An, au bord du Bosphore. Des témoins ont rapporté avoir entendu un assaillant s'exprimer en arabe, selon l'agence de presse Dogan.
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent un homme débouler devant l'entrée de la discothèque en tirant, semant la panique parmi les personnes rassemblées là. Des équipes des forces spéciales ont ensuite ratissé la boîte de nuit, alors que de nombreux policiers se trouvaient devant l'établissement, de même que des dizaines d'ambulances, selon des journalistes de l'AFP.
La Maison Blanche a condamné cette "horrible" attaque. "De telles atrocités perpétrées sur des innocents venus pour la plupart célébrer le Nouvel An soulignent la sauvagerie des assaillants", a déclaré Ned Price, porte-parole du Conseil de sécurité nationale.
«Début 2017 tragique»
Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a déploré sur Twitter un "début (d'année) 2017 tragique à Istanbul". "2017 débute avec une attaque à Istanbul", a également souligné la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. La Turquie a été la cible de nombreuses attaques qui ont notamment ensanglanté Ankara et Istanbul, où, il y a à peine trois semaines, un attentat revendiqué par un groupe radical kurde a fait quarante-cinq morts, dont une majorité de policiers.
Toujours à Istanbul, quatre touristes ont été tués et trente-six personnes blessées en mars sur la célèbre avenue Istiklal, dans un attentat-suicide attribué à Daech. Les autorités ont également affirmé que les terroristes avaient été derrière l'attentat qui a fait quarante-sept morts en juin à l'aéroport Atatürk d'Istanbul.
Membre de la coalition internationale qui combat l'EI en Syrie et en Irak, la Turquie a déclenché en août une offensive dans le nord de la Syrie pour repousser les jihadistes vers le sud. Des rebelles syriens soutenus par l'armée turque assiègent depuis plusieurs semaines la ville d'Al-Bab, un fief de Daech dans le nord de la Syrie. A plusieurs reprises, l'ET en Syrie et en Irak a menacé la Turquie d'attentats, l'une des principales cibles des jihadistes.