Nigeria: Un an après leur enlèvement, 219 lycéennes toujours introuvables

En mai 2014, une vidéo diffusée par Boko Haram, montrait une centaine de lycéennes voilées, récitant des sourates du Coran.

En mai 2014, une vidéo diffusée par Boko Haram, montrait une centaine de lycéennes voilées, récitant des sourates du Coran. . DR

IL y a un an, 219 lycéennes étaient enlevées par Boko Haram à Chibok, dans le nord-est du pays. Depuis, aucune nouvelle. Selon un bilan d’Amnesty International publié ce mardi 14 avril, ce sont quelque 2000 femmes et fillettes qui ont été enlevées au Nigeria depuis 2014

Le 14/04/2015 à 09h37

Veillées à la bougie, prières et rassemblements étaient organisés ce mardi au Nigeria et dans le monde pour marquer le premier anniversaire de leur enlèvement. Le kidnapping, le 14 avril 2014, de 276 lycéennes de cette petite ville du nord-est du Nigeria - dont 219 sont toujours portées disparues - a suscité une émotion sans précédent à travers le monde. S’en est suivie une vaste mobilisation pour tenter de les localiser et de les libérer, en vain.

En mai 2014, une vidéo est diffusée par Boko Haram, montrant une centaine de lycéennes voilées, récitant des sourates du Coran. Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, a déclaré avoir converti ces adolescentes qui n'étaient pas musulmanes et les avoir toutes «mariées de force». Depuis, aucun signe de vie des otages. Selon une source militaire citée par Amnesty, elles auraient été séparées en trois ou quatre groupes et gardées dans différents camps de Boko Haram. Certaines d'entre elles se trouveraient dans la forêt de Sambisa, dans l'Etat de Borno, d'autres autour du lac Tchad et dans la chaîne de montagnes qui sépare le Nigeria du Cameroun, et d'autres auraient été emmenées au Tchad voisin. L'armée nigériane a déjà affirmé par le passé savoir où se trouvent les lycéennes, mais qu'une opération de sauvetage serait trop risquée.

Du côté du pouvoir, la libération des otages n’a pas toujours été une priorité. Le gouvernement du président Goodluck Jonathan, qui a cherché à minimiser et même à nier ce kidnapping, dans un premier temps, a été accusé d'être indifférent à leur sort. Cette erreur politique et son incapacité à juguler l'insurrection islamiste, qui a fait des milliers de morts dans le nord du pays depuis 2009, ont probablement joué un rôle majeur dans la défaite de Jonathan à la présidentielle fin mars.Le vainqueur de la présidentielle, Muhammadu Buhari, qui sera investi le 29 mai, a promis de faire de la lutte contre Boko Haram la priorité de son mandat. Mais la prudence reste de mise. "Nous ne savons pas si les filles de Chibok peuvent être secourues. Leur localisation reste inconnue. J'aimerais beaucoup pouvoir le faire, mais je ne peux pas promettre de les retrouver", a déclaré M. Buhari dans un communiqué.

Selon Amnesty, pour qui Boko Haram devrait être poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, plus de 4000 personnes ont été tuées par le groupe islamiste l'année dernière, et au moins 1500 personnes ont été tuées au cours du premier trimestre 2015.

Par Driss Douad (avec AFP)
Le 14/04/2015 à 09h37