«Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’envolera pour une visite diplomatique à Paris, où il rencontrera le président français Emmanuel Macron, et discutera avec lui de l’effort international pour arrêter le programme nucléaire iranien et des moyens de renforcer et d’étendre les accords d’Abraham», selon l’ambassade israélienne à Paris.
L’Elysée a lui fait savoir que «le Président de la République exprimera une nouvelle fois la solidarité de la France avec Israël face au terrorisme. Dans un contexte de tensions croissantes, le Président de la République rappellera la nécessité pour tous d’éviter des mesures susceptibles d’alimenter l’engrenage de la violence, et exprimera sa disponibilité à contribuer à la reprise du dialogue entre les Palestiniens et les Israéliens».
Les deux dirigeants se verront pour le dîner, mais aucune prise de parole publique n’est prévue.
Depuis plusieurs jours, des violences entre Israéliens et Palestiniens ont fait plusieurs victimes. Jeudi dernier, dix personnes, des combattants et des civils, ont péri dans un raid israélien dans le camp de réfugiés de Jénine, le plus meurtrier depuis des années en Cisjordanie. Sept civils sont morts vendredi dans une attaque palestinienne à Jérusalem-Est, secteur occupé et annexé par Israël. Et samedi un Palestinien a blessé deux Israéliens, un père et son fils, également à Jérusalem-Est, avant d’être blessé et arrêté. En Cisjordanie, des gardes israéliens ont tué dimanche un Palestinien et les forces israéliennes ont tué lundi un Palestinien.
La partie israélienne souhaite surtout axer cette visite sur l’Iran, espérant notamment que son implication croissante dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine (le régime des mollahs est un important fournisseur d’équipements à la Russie) pousse les Occidentaux à accentuer la pression sur Téhéran, bête noire d’Israël.
L’Iran, qui appelle régulièrement à l’éradication de l’Etat juif, accuse régulièrement son ennemi juré d’être derrière plusieurs attaques sur son propre sol contre son programme nucléaire (ce qu’Israël n’a jamais reconnu) ou en Syrie voisine, alliée de Téhéran, où Tel-Aviv a déjà notamment conduit des frappes aériennes contre des intérêts iraniens.
Ukraine
Paris estime nécessaire de conduire une politique de «très grande fermeté» à l’égard de l’Iran, selon une source diplomatique, car «le programme nucléaire continue à un point qui est dangereux» et l’Iran s’implique dans la guerre d’Ukraine en Europe.
Depuis plusieurs mois, l’Iran est devenu un acteur de plus en plus important dans la guerre d’Ukraine, en fournissant de nombreux drones utilisés par Moscou pour frapper les infrastructures ukrainiennes, alors même que les négociations sur le nucléaire sont au point mort, et que l’Iran détient plusieurs étrangers considérés comme des otages par les capitales occidentales.
Cette rencontre Macron-Netanyahu intervient quelques jours après la rencontre des deux directeurs des Affaires stratégiques des ministères des Affaires étrangères, Joshua L. Zarka et Philippe Bertoux, le 19 janvier, où le dossier iranien a été abordé.
Dans le contexte de cette implication croissante de l’Iran dans la guerre d’Ukraine, Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi ce qui semble être un important changement de posture d’Israël, en se disant désormais prêt à envisager de fournir des armes à l’Ukraine.
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Jusqu’ici, Tel-Aviv avait pris soin de rester neutre entre les deux belligérants, notamment à cause de la présence de l’armée russe déployée en Syrie, donnant un levier à Moscou.
Israël doit notamment prendre en compte la présence dans ce pays voisin de systèmes anti-aérien russes. Jusqu’ici, Tel-Aviv a pu conduire ses opérations militaires aériennes au dessus de la Syrie sans que la Russie active ces systèmes.
En plus de ce volet diplomatique, M. Netanyahu «rencontrera des hommes d’affaires de premier plan en France dans le domaine financier et tiendra une réunion avec les chefs de la communauté juive», selon l’ambassade. Il quittera la France samedi soir.
Arrivé au pouvoir en décembre à la tête d’une coalition alliant partis de droite, d’extrême droite et ultraorthodoxes juifs, et dont les détracteurs craignent une dérive antidémocratique, le gouvernement de M. Netanyahu fait face à la contestation de certains secteurs de la société israélienne, dont le secteur financier.
Certaines entreprises se sont dites prêtes à quitter Israël, estimant que la réforme judiciaire prévue créerait de l’instabilité affectant leur activité. Le Premier ministre a notamment rencontré la semaine dernière les dirigeants des grandes banques pour tenter de les rassurer.