Lorsqu'elle avait osé le contredire publiquement sur la nécessité d'adopter des arrêtés municipaux pour interdire les burkinis, on pouvait considérer cette posture comme une réaction épidermique, un coup de sang. D'ailleurs le conseil d'Etat a donné raison à Najat Vallaud Belkacem et désavoué publiquement Manuel Valls.
Aujourd'hui leurs divergences sur la place de l'Islam au sein de la société française tourne au défi et tend vers la rupture entre les deux personnalités. Elle le dit de la manière la plus limpide pour bien souligner leur différence d'approche:"Pour lui, l'essor de l'islam radical est le combat central. Pour moi, la société française est d'abord minée par le repli identitaire, le ressentiment à l'égard des musulmans", ajoute-t-elle, "convaincue que donner la priorité à ce second combat est le meilleur moyen de faire durablement reculer l'islam radical, qui enfante des monstres, le jihadisme, le terrorisme".
Sur la responsabilité des musulmans de France à lutter contre la pensée djihadiste, Najat Vallaud Belkacem maintient cette nuance politique qui fait tant défaut au Premier ministre Manuel Valls: "Oui, il y a une responsabilité des musulmans à combattre ce cancer obscurantiste" tout en jugeant "scandaleuse [...] l'injonction qui leur est faite de se désolidariser des terroristes", "car elle présuppose une complaisance généralisée alors que c'est l'inverse".
Que cherche Najat Vallaud Belkacem en se démarquant de cette façon de Manuel Valls? Le simple plaisir d'exister ou la tentation de se positionner au sein d'une gauche qui s'interroge sur son avenir et sa capacité à durer? En tout la benjamine du gouvernement qui vient d'entamer sa dernière rentrée scolaire en avouant qu'il était impossible d'imposer la mixité sociale dans les territoires scolaires de la république, creuse calmement mais sûrement son sillon. Elle apparaît aujourd'hui comme une voix distincte qui pèse dans le débat.