Après des mois d'un chantier frénétique, sous un ciel gris et pluvieux, les premiers visiteurs sont entrés à 10h00, heure locale (08h00 GMT) pour découvrir les quelque 80 pavillons rivalisant d'inventivité architecturale sur le thème de l'agriculture et de l'alimentation. Mais dans l'après-midi, des dizaines de manifestants anti-Expo ont gâché la fête en s'attaquant à des vitrines dans la ville, en brûlant des voitures et en jetant des pierres sur la police, qui a répliqué avec des gaz lacrymogènes.
Freiné par de retentissants scandales de corruption, le chantier a accumulé les retards, mais vendredi matin, les allées étaient dégagées et tous les pavillons achevés. En revanche, ils n'étaient pas forcément prêts. Celui du Bangladesh est resté fermé parce que l'Italie n'a pas encore accordé de visa à son personnel, tandis que le matériel d'exposition du Soudan était encore au pays, faute de feu vert des autorités italiennes. Les Belges étaient furieux de ne pas pouvoir proposer bières et frites, restées à l'entrepôt à 500 mètres du site, parce qu'ils n'avaient pas été prévenus que les livraisons seraient interdites à la veille de l'ouverture.
Dans les allées se croisaient costumes folkloriques et tenues traditionnelles d'apparat, tandis que les visiteurs se pressaient devant le rideau d'eau du pavillon de Koweït ou entre les murs-dunes roses des Emirats arabes unis.
Voitures et banque en flammes
Les organisateurs attendent 20 millions de visiteurs, et affirment que 10 millions de billets ont déjà été vendus, pour cet événement dont l'Italie attend énormément en termes d'images et de relance économique. Le pays espère des retombées de 10 milliards d'euros, dont 5 milliards pour le tourisme, dont l'essentiel profitera à Milan et à la Lombardie.
La mise en oeuvre du projet a cependant suscité de nombreuses polémiques dans le pays. Outre les scandales et les retards, certains se sont émus de la présence marquée de grandes multinationales de l'agroalimentaire parmi les sponsors et partenaires. Mais ce sont les plus extrémistes des opposants qui ont volé la vedette ce vendredi après-midi, en provoquant des violences pendant la manifestation des No Expo. Ces derniers, qui dénoncent le gaspillage d'argent public et le recours à des travailleurs précaires et à des bénévoles, avaient rassemblé des milliers de personnes dans une ambiance de "joyeux énervement".
L'ambiance a vite changé quand plusieurs dizaines de manifestants, portant cagoules, masques à gaz et matraque, ont commencé à casser des vitrines, puis à tirer des pétards et à incendier des voitures. Une journaliste de l'AFP a vu une agence bancaire en feu. Sur le mur de l'établissement il avait été inscrit: "Vous nous plumez, aujourd'hui vous payez”.