«L'Ukraine fait partie de la famille européenne»: le chancelier allemand Olaf Scholz s’est voulu rassurant, lors d'une visite en Ukraine hier, jeudi, avec ses homologues italien et français, poids lourds de l'UE.
Les dirigeants français, allemand et italien ainsi que leur homologue roumain se sont dits hier, jeudi, prêts à accorder «immédiatement» à l'Ukraine le statut de candidat à l'adhésion à l'Union européenne.
«Tous les quatre, nous soutenons le statut de candidat immédiat à l’adhésion», a déclaré le président français Emmanuel Macron.
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«Le statut de candidat à l'entrée dans l'Union européenne pour l'Ukraine peut renforcer la liberté en Europe et devenir l'une des décisions européennes clefs du premier tiers du XXIe siècle», a plaidé le président Volodymyr Zelensky jeudi soir.
La Première Dame ukrainienne, Olena Zelenska, a elle aussi donné de la voix sur le sujet de l'adhésion, dans un message vidéo jeudi à la conférence WomenNow: «c'est ce que tous attendent maintenant dans les tranchées et les abris anti-aériens -être invités en Europe non plus comme des réfugiés mais comme des alliés».
«Ces gens ne se battent pas seulement pour leur propre bénéfice, mais aussi pour empêcher l'agresseur de venir en Europe», a-t-elle fait valoir.
Quelle que soit la sensibilité de la Commission à cette idée d'une Ukraine-rempart contre Moscou, la principale difficulté restera de réussir la semaine prochaine à faire l'unanimité au sein de l'UE -les pays d'Europe de l'Est, sensibles à la menace à leurs frontières étant plutôt pour, d'autres comme le Danemark ou les Pays-Bas réservés.
Les Vingt-Sept doivent en effet décider, lors d'un sommet les 23 et 24 juin, s'ils accordent à l'Ukraine ce statut officiel de candidat, début de négociations qui pourront durer des années.
Mais, au-delà des bénéfices politiques et économiques à plus ou moins long terme (avec l'enclenchement d'une importante aide financière destinée à soutenir les réformes et la reconstruction), sur le court terme, celui de la guerre, une acceptation de sa candidature aurait un dimension éminemment symbolique pour Kiev, d'appartenance à la «famille européenne», une famille qui protège ses membres.
La recommandation de la Commission européenne, attendue ce vendredi dans la journée, sera donc un signal fort lancé à Kiev -et à Moscou.
Soutien militaireUne candidature acceptée de l'Ukraine ouvrirait aussi la question de son appartenance à l'Europe de la défense, alors que les dirigeants français et allemand se sont engagés à poursuivre leur soutien militaire à Kiev.
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La France s'apprête à livrer à l'Ukraine six canons automoteurs, s'ajoutant aux 12 déjà livrés, s'ajoutant à la nouvelle tranche d'aide militaire américaine d'un milliard de dollars.
Mais «l'adhésion à l'Union européenne est soumise à des règles claires qui doivent être respectées par tous», a toutefois rappelé Olaf Scholz lors de sa visite, même si l'examen express de la candidature de Kiev, déposée en février, est d'une rapidité inédite, justifiée par la guerre.
G7, première sortie pour ZelenskyDans la foulée du sommet européen qui décidera du sort de sa demande d'adhésion à l'UE, Volodymyr Zelensky pourra continuer à plaider sa cause au prochain sommet du G7, qui se tiendra du 26 au 28 juin, en Bavière. Cela constituera sa première sortie hors du territoire ukrainien depuis le début de l'invasion russe fin février.
Les forces ukrainiennes restent en difficulté dans le Donbass, région de l'est du pays partiellement contrôlée par des séparatistes prorusses depuis 2014, que Moscou s'est fixé pour objectif de conquérir.
Les combats se concentrent depuis plusieurs semaines sur Severodonetsk et Lyssytchansk, deux villes clés pour le contrôle du Donbass, soumises à des bombardements constants.
Environ 10.000 civils sont encore présents à Severodonetsk, selon les autorités ukrainiennes.
«Nous avons confiance dans la volonté de Dieu, dans l'aide de Dieu, dans l'aide de tous les saints et de la Vierge Marie», énumère soeur Anastasia, qui vit dans une communauté de religieuses orthodoxes près de la ville voisine de Sloviansk.
Elle désigne un grand cratère laissé par un tir de missile au milieu du jardin. Au-delà des champs voisins, se trouvent les forces russes, qui échangent des tirs d'artillerie avec l'armée ukrainienne.
Le département d'Etat américain a annoncé jeudi qu'un troisième Américain était porté disparu en Ukraine, outre deux anciens militaires américains qui auraient été capturés par des troupes russes.
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Les Etats-Unis ont exhorté jeudi la Russie à considérer tout combattant volontaire américain capturé en Ukraine comme prisonnier de guerre et à lui garantir un traitement humain.
La Russie a «déjà perdu sur le plan stratégique» sa guerre en Ukraine et «ne prendra jamais le contrôle» du pays, a estimé de son côté le chef d'état-major des armées britannique, l'amiral Tony Radakin.
«Le président Poutine a utilisé 25% de la puissance de son armée pour engranger des gains territoriaux minuscules», a estimé le militaire dans des propos rapportés par l'agence britannique PA ce vendredi.