L’Ukraine frappée par les drones, Kiev redoute un siège maritime russe d’ici 2026

Un pompier sur le site d'une frappe russe près d'Odessa, en Ukraine, le 26 août 2024. (Photo: EPA)

Alors que les frappes de drones russes ont de nouveau frappé le nord de l’Ukraine, faisant au moins cinq morts, Kiev alerte sur une menace stratégique bien plus large: Moscou préparerait un blocus de la mer Noire d’ici 2026. Une double offensive, militaire et géopolitique, que les autorités ukrainiennes dénoncent à Washington.

Le 05/06/2025 à 06h33

Une attaque de drones russes, survenue dans la nuit de mercredi à jeudi dans le nord de l’Ukraine, a fait au moins cinq morts, dont un enfant d’un an, a indiqué le chef de l’administration de la région de Tcherniguiv.

Ces frappes sur la localité de Prylouky ont «endommagé des bâtiments dans une zone résidentielle», a précisé Viatcheslav Tchaus sur Telegram, ajoutant que six blessés avaient été hospitalisés.

À Kharkiv, grande ville du nord-est proche de la frontière russe, la police a fait état de 18 blessés, dont quatre enfants, après que les autorités locales ont évoqué d’importantes attaques de drones russes ayant endommagé des immeubles d’habitation.

Plus au sud, dans la région de Mykolaïv, une frappe de drone contre un minibus transportant des civils jeudi matin a grièvement blessé un homme de 70 ans, selon le gouverneur Vitali Kim.

Dans la région voisine de Kherson, en partie occupée par les forces du Kremlin, le gouverneur pro-Moscou Vladimir Saldo a déclaré que plus de 120.000 personnes étaient privées d’électricité à cause des combats ayant endommagé des infrastructures.

Ces nouvelles violences surviennent alors que Donald Trump a déclaré mercredi, à l’issue d’un appel avec le président russe Vladimir Poutine, que Moscou comptait riposter à «la spectaculaire attaque ukrainienne contre des bombardiers russes».

La Russie a lancé une offensive militaire à grande échelle contre l’Ukraine en février 2022 et contrôle aujourd’hui environ 20% du territoire, incluant la Crimée, annexée en 2014.

Le conflit a déjà causé des dizaines de milliers de morts et de blessés des deux côtés, et provoqué le déplacement de millions de personnes. De nombreuses villes et villages de l’est et du sud de l’Ukraine ont été détruits.

Vladimir Poutine a rejeté à plusieurs reprises les appels de Kiev et de ses alliés occidentaux à un «cessez-le-feu immédiat et sans conditions».

Par ailleurs, un haut responsable ukrainien a averti mercredi les États-Unis que l’armée russe préparait d’importantes offensives militaires à l’horizon 2026, notamment un projet visant à «barrer l’accès de l’Ukraine à la mer Noire», axe vital pour Kiev.

En déplacement à Washington avec une délégation ukrainienne, le colonel et chef adjoint de l’administration présidentielle, Pavlo Palissa, a présenté ce qu’il a qualifié de «conclusions des services de renseignement militaire ukrainiens».

«La Russie a pour objectif de s’emparer d’ici fin septembre de l’ensemble des régions orientales de Donetsk et Lougansk», a-t-il affirmé, «et souhaite établir d’ici la fin de l’année une zone tampon frontalière», après un échange avec des parlementaires et responsables américains.

«Ils ont même des projets pour 2026. Le projet pour l’an prochain consiste à occuper toute la partie de l’Ukraine qui est située sur la rive gauche du fleuve Dniepr

Le Dniepr traverse Kiev et se jette dans la mer Noire, scindant en deux le pays envahi par la Russie depuis le 24 février 2022.

Moscou ambitionnerait également d’occuper les régions méridionales d’Odessa et de Mykolaïv afin de «couper l’accès de l’Ukraine à la mer Noire», a ajouté le haut responsable, sans préciser les sources de ces renseignements.

La mer Noire représente un enjeu stratégique crucial pour Kiev, tant sur le plan militaire qu’économique, notamment pour l’exportation de ses céréales vers les pays du Sud.

«Malheureusement, ils (les Russes) ne parlent pas de paix. Ils se préparent à la guerre», a déclaré M. Palissa, alors qu’une deuxième réunion bilatérale sous médiation turque, lundi, n’a pas permis d’obtenir de cessez-le-feu.

Le chef de l’administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak, qui dirigeait la délégation à Washington, a pour sa part exhorté les parlementaires américains à adopter de nouvelles sanctions pour «accroître la pression sur la Russie».

«Il est nécessaire de créer l’atmosphère propice à ce que la Russie entre en négociations», non «pour donner un spectacle, mais pour des négociations concrètes et véritables», a-t-il plaidé, à l’issue d’un entretien avec le secrétaire d’État américain Marco Rubio.

Le président américain Donald Trump a affirmé mercredi avoir eu avec Vladimir Poutine «une bonne conversation» de plus d’une heure, «mais pas une conversation qui va mener à une paix immédiate» en Ukraine.

Donald Trump avait estimé la semaine dernière que son homologue russe, avec qui il revendique une relation privilégiée, était devenu «complètement fou», après les frappes meurtrières menées par la Russie en Ukraine.

Par Le360 (avec AFP)
Le 05/06/2025 à 06h33