Les partis démocrate et républicain convoquent à 19H00 locales (01H00 GMT) des "caucus" (réunions) dans 1.681 bureaux de vote chacun (écoles, bibliothèques..). Les républicains voteront à bulletin secret; les démocrates formeront des groupes par candidat afin d'allouer des délégués. Les primaires du New Hampshire suivront la semaine prochaine, puis les autres Etats jusqu'en juin. La présidentielle est en novembre.
L'Iowa se bat depuis les années 1970 pour maintenir ce privilège, qui lui permet d'exercer une influence démesurée par rapport à sa population de trois millions d'habitants. La compétition sert de filtre, les caucus étant généralement suivis de quelques abandons.
C'est ici que la fortune d'Hillary Clinton, 68 ans, commença à tourner en 2008 contre le sénateur Barack Obama. Cette année, la nouveauté s'appelle Bernie Sanders, le sénateur du Vermont de 74 ans qui éreinte l'ex-secrétaire d'Etat sur ses liens avec Wall Street et son vote pour la guerre d'Irak en 2002.
L'affaire de sa messagerie personnelle, par où ont transité des informations classées secrètes a posteriori, la poursuit aussi, même si Bernie Sanders ne touche pas à la controverse.
"L'Amérique ne peut pas se permettre de choisir des idées qui ont l'air bien sur le papier mais qui ne pourront pas aboutir", a déclaré Hillary Clinton devant 2.600 personnes à Des Moines dimanche soir pour son dernier meeting.
"C'est très, très serré", a dit Bernie Sanders à des bénévoles dans son local à Marshalltown.
Son étiquette "socialiste démocrate" n'effraie pas les jeunes démocrates, qui l'ovationnent quand il promet une "révolution politique". Se mobiliseront-ils lundi? En 2008, les moins de 30 ans ne représentaient que 22% des participants.
"On ne reverra jamais de candidat comme lui dans nos vies", a lancé Ezra Koenig, le chanteur du groupe de rock Vampire Weekend, lors d'un concert-meeting samedi soir. "En 1991, 2002, il disait déjà ce qu'il dit aujourd'hui".
Même s'il terminait second, Bernie Sanders pourrait revendiquer une victoire relative: à son entrée en campagne en avril, il recueillait moins de 10% des intentions de vote ici. Dans le New Hampshire, il domine les sondages mais est à la peine dans le reste du pays.
Vote de protestation
Le rejet des élites politiques a marqué les sept derniers mois de campagne, un phénomène sur lequel l'homme d'affaires Donald Trump a capitalisé chez les républicains, à moins qu'il ne l'ait lui-même accentué.
"Les outsiders comme Donald Trump n'ont jamais eu autant de succès que cette année", analyse David Redlawsk, politologue de l'Université Rutgers, qui passe la saison électorale dans l'Iowa. "Il y a un désir réel de sortir de la politique habituelle et de trouver des alternatives à ce que les gens voient comme un système en échec".
Donald Trump pourfend "l'establishment" et l'incompétence des dirigeants, promettant qu'avec lui "l'Amérique gagnera tellement que vous en aurez marre de gagner". Son discours nationaliste, anti-immigrés et "politiquement incorrect" fait recette chez les électeurs désabusés.
"Il veut que les gens aient à nouveau peur de nous", approuve Kim Teffer, 50 ans, qui a fait 450 km de route le week-end dernier pour le voir.
Le vote évangélique
Mais le magnat, trois fois marié et New-yorkais assumé, divise la droite religieuse, qui a aidé à couronner les deux derniers vainqueurs des "caucus" de l'Iowa en 2008 et 2012.
Les pasteurs évangéliques s'amusent à raconter comment Donald Trump écorche les noms de versets de la Bible.
Beaucoup de chrétiens conservateurs ont choisi le sénateur du Texas Ted Cruz, créature du Tea Party. Détesté au Congrès pour son obstruction permanente, il fait campagne contre "le cartel de Washington".
Troisième homme, le télégénique sénateur de Floride Marco Rubio, d'origine cubaine comme Ted Cruz, veut faire le pont entre l'aile évangélique du parti républicain et les modérés. Un score supérieur à 15%, score du dernier sondage, affirmerait sa place hors du peloton des neuf autres candidats.
Entre ces trois républicains, la fin de campagne est dure.
"Il est très malhonnête", dit Donald Trump de Ted Cruz, qu'il traite aussi de Canadien à cause de sa naissance à Calgary. "Donald s'est mis en faillite quatre fois", a répliqué Ted Cruz dimanche.
Cruz, Trump et d'autres feront campagne jusqu'à lundi soir car, malgré l'extravagante couverture médiatique, les indécis restent nombreux. En 2012, un républicain sur cinq s'était décidé le jour-même.