Les prix français ont allègrement dépassé 1.000 euros le mégawattheure (MWh) vendredi, tandis que l'électricité allemande s'échangeait au-dessus de 850 euros.
Il y a un an, les prix dans ces deux pays étaient seulement d'environ 85 euros/MWh.
Illustrant la flambée extrêmement brutale de cette semaine, l'électricité française avait clôturé à 720 euros la semaine dernière, et l'allemande à 573 euros.
Au-delà de ces deux pays, toute l'Europe est frappée. Le Premier ministre tchèque, dont le pays assure la présidence de l'Union européenne, a annoncé vendredi que son pays convoquerait une réunion d'urgence.
Plusieurs causes sont à l'origine de l'explosion des cours, à commencer par le tarissement des flux de gaz russe vers l'Europe depuis le début de la guerre en Ukraine: nombre de centrales thermiques utilisent du gaz pour générer de l'électricité.
Le gaz se faisant plus rare, son prix est également à des niveaux records.
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En France, seuls 24 des 56 réacteurs nucléaires d'EDF fonctionnent en ce moment, notamment en raison d'un problème de corrosion, ce qui réduit la production électrique française à un niveau historiquement bas, et fait mécaniquement augmenter les cours.
Pour décembre prochain spécifiquement, le mégawattheure d'électricité française s'échange déjà à plus de 1.600 euros, un niveau extraordinairement élevé.
Bien que les gouvernements se veuillent publiquement rassurants contre tout risque de coupure de courant dans des sociétés qui se sont habituées au confort de l'électricité en continu, les marchés disent une autre histoire, avec des opérateurs prêts à acheter des électrons plus de dix fois plus cher qu'ils ne le faisaient il y a un an.
Les Etats européens ont dépensé des dizaines de milliards d'euros cette année pour protéger leurs citoyens des hausses de prix, mais ce «bouclier» devient de plus en plus difficile à financer.
L'exemple du Royaume-Uni le montre: le régulateur a annoncé vendredi que les tarifs réglementés de l'énergie augmenteraient de 80% à partir d'octobre dans le pays, et que les factures de gaz et d'électricité pourraient progresser encore «considérablement» en 2023.
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En France, le président Emmanuel Macron a appelé mercredi à l'«unité» devant la fin de «l'abondance». Avec pour mot d'ordre la «sobriété énergétique», tandis que des dizaines de milliers de clients migrent de fournisseurs privés d'électricité vers l'énergéticien public, EDF, et son tarif fixe.
Ici aussi certains ménages devront payer plus cher leur énergie l'an prochain, le bouclier tarifaire que finance l'Etat français depuis l'automne dernier devant être remplacé dans quelques mois par des aides ciblées sur les plus pauvres.
L'Europe entière s'inquiète de son approvisionnement. La riche Suisse se demande si elle pourra importer de l'électricité allemande ou française l'hiver prochain, comme elle le fait d'habitude quand ses barrages hydroélectriques sont en sous-régime.
L'Union européenne et les Etats membres sont en train de mettre en place des plans d'économies d'énergie et de sobriété. Il faudra définir quelles industries, quelles entreprises seront prioritaires et lesquelles devront réduire, voire arrêter leur production.
Le plan de Bruxelles - qui doit encore être validé par les Etats - prévoit que chacun des 27 pays réduise, entre août 2022 et mars 2023, sa consommation d'énergie d'au moins 15% par rapport à la moyenne des cinq dernières années sur la même période.