Ces sanctions contre «le régime illégitime de Nicolas Maduro au Venezuela» visent trois neveux de l’épouse du président, que Washington accuse d’être des narcotrafiquants, un homme d’affaires panaméen soupçonné d’avoir facilité les transactions pétrolières de Caracas, ainsi que six compagnies maritimes accusées d’avoir transporté du pétrole vénézuélien, a indiqué le Trésor américain dans un communiqué.
Ces personnes et entreprises se voient interdire toute transaction avec une société ou un individu américains et leurs avoirs aux États-Unis sont gelés.
L’administration du président américain Donald Trump accuse Nicolas Maduro d’être à la tête d’un vaste réseau de narcotrafic, ce que l’intéressé dément catégoriquement, affirmant que Washington cherche à le renverser pour s’emparer du pétrole de son pays.
L’annonce de ces nouvelles sanctions intervient après la saisie, mercredi en mer des Caraïbes, d’un pétrolier, le Skipper, qui, selon des responsables américains, transportait du pétrole en provenance du Venezuela et de l’Iran à destination de Cuba.
«Ils ont enlevé les membres d’équipage, volé le navire et inauguré une nouvelle ère, l’ère de la piraterie navale criminelle dans les Caraïbes», a protesté jeudi soir M. Maduro à la télévision publique.
Résumant la stratégie américaine, la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré que le président Donald Trump n’entendait pas «rester les bras croisés à regarder des navires sanctionnés naviguer sur les mers avec du pétrole provenant du marché noir, dont les profits alimenteront le narcoterrorisme de régimes voyous et illégitimes».
Elle a précisé que le navire serait dirigé vers un port américain et que les États-Unis avaient «l’intention d’en saisir le pétrole», reconnaissant toutefois que cela soulevait des questions juridiques.
Washington a déployé un important dispositif militaire dans les Caraïbes depuis cet été et bombardé des embarcations suspectées de narcotrafic en provenance du Venezuela. Mais c’est la première fois que le président américain ordonne la saisie d’un pétrolier, avec l’objectif de priver Caracas de sa principale source de revenus.
Soumise à un embargo depuis 2019, Caracas est contrainte d’écouler sa production pétrolière sur le marché noir à des prix nettement plus bas, notamment à destination de la Chine. La saisie du pétrolier pourrait peser sur ces exportations, en dissuadant les acheteurs potentiels.
Soutien de Moscou
M. Maduro a indiqué que Caracas allait lancer «les actions juridiques et diplomatiques appropriées». Sans préciser la nationalité du navire, il a indiqué qu’il transportait «vers les marchés internationaux 1.900.000 barils de pétrole — pétrole qui a été payé au Venezuela, car quiconque importe du pétrole le paie d’abord».
La ministre américaine de la Justice, Pam Bondi, a publié sur son compte X une vidéo de 45 secondes montrant l’assaut de soldats américains armés débarquant sur le pont d’un navire depuis un hélicoptère.
Selon les données du site Vesselfinder, vendredi à 05 h 30 GMT, le Skipper se trouvait dans les eaux internationales au sud-est de l’archipel français de la Guadeloupe et se dirigeait vers le nord.
Le navire en question a été sanctionné par le Trésor américain en 2022 pour ses liens présumés avec le Corps des gardiens de la révolution islamique iranien et le Hezbollah.
Lors d’un échange téléphonique avec M. Maduro, le président russe Vladimir Poutine lui «a exprimé sa solidarité» et a «confirmé son soutien» à sa politique «visant à protéger ses intérêts nationaux et sa souveraineté dans un contexte de pressions extérieures croissantes», a indiqué le Kremlin dans un communiqué.
Aux États-Unis, l’opposition démocrate s’est inquiétée de cette escalade et des intentions réelles du président Trump.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a affirmé jeudi avoir mis en garde son homologue américain lors d’un appel téléphonique le 2 décembre.
«Je lui ai dit: “Trump, nous ne voulons pas d’une guerre en Amérique latine”», a déclaré Lula, selon qui le président américain lui aurait répondu: «Mais moi j’ai plus d’armes, plus de bateaux, plus de bombes.»








