Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a cédé 2,36%, pour clôturer à 80,77 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain de même échéance a abandonné 2,14% à 77,07 dollars. Dans les deux cas, les prix sont tombés à leur plus bas niveau depuis fin mars, juste avant l’annonce d’une réduction de production par plusieurs membres du cartel Opep+.
«L’humeur est à l’aversion au risque», a commenté John Kilduff, d’Again Capital, «et tout le monde se met à vendre», des matières premières aux actions. Pour l’analyste, le mouvement a été encouragé par les données macroéconomiques américaines du jour, qui ont montré une accélération surprise des ventes de logements neufs ainsi qu’une hausse du prix moyen.
Augmentation attendue de l’offre
«Ces chiffres sont suffisamment solides pour conforter la Fed (banque centrale américaine) dans l’idée de relever son taux directeur encore une fois au moins», lors de sa réunion des 2 et 3 mai, a expliqué John Kilduff. «Les craintes d’un ralentissement de la demande», en partie lié au resserrement monétaire en cours, «refont surface, particulièrement aux Etats-Unis, première économie mondiale», a indiqué Susannah Streeter, de Hargreaves Lansdown.
La perspective d’une nouvelle remontée des taux et l’aversion au risque ont bénéficié au dollar, dont le rebond mardi a pénalisé l’or noir. La majorité des contrats à terme sur le pétrole sont libellés en dollars et le prix du baril tend à baisser quand le billet vert s’apprécie.
Edward Moya, d’Oanda, a également cité les propos du PDG d’Halliburton Jeff Miller selon lequel les clients du groupe parapétrolier «sont clairement motivés à l’idée de produire plus de pétrole et de gaz», ce qui présage d’une augmentation de l’offre.
La question du pétrole russe
Toujours côté offre, John Kilduff a évoqué les exportations russes qui, selon l’agence Bloomberg, se sont maintenues à un niveau élevé la semaine dernière et ne montrent aucun signe de fléchissement, malgré l’annonce en février d’une contraction volontaire de 500.000 barils par jour à partir de mars.
«Les barils russes continuent d’affluer sur le marché et en viennent même à prendre la place de ceux de l’Opep», a souligné l’analyste, en référence à l’augmentation des livraisons à la Chine et à l’Inde. «Je ne sais pas combien de temps l’Opep va pouvoir accepter ce genre de manoeuvres de la Russie».
Pour John Kilduff, les cours pourraient se reprendre mercredi avec la publication des chiffres de l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA), qui devraient faire ressortir une baisse de 1,5 million de barils des stocks américains, selon le consensus établi par Bloomberg.