L'ambassadeur David Hale a été invité à se rendre lundi soir au ministère des Affaires étrangères pakistanais, a déclaré un porte-parole de l'ambassade, ajoutant: "Il y est allé et a rencontré des responsables. Nous n'avons pas de commentaire à faire sur la teneur de la réunion".
Le ministère Affaires étrangères pakistanais n'a pas souhaité faire de commentaire. La convocation s'est tenue après un tweet de Donald Trump, très dur, contre le Pakistan lundi.
"Les États-Unis ont bêtement donné 33 milliards de dollars d'aide au Pakistan ces quinze dernières années et ils ne nous ont rien donné en retour si ce n'est des mensonges et de la duplicité, prenant nos dirigeants pour des idiots", a écrit le président américain. "Ils abritent les terroristes que nous chassons en Afghanistan, sans grande aide. C'est fini!", a-t-il lancé.
Le Pakistan a rapidement rétorqué avoir aidé les États-Unis à "décimer" Al-Qaïda, pour n'obtenir en retour que "des invectives et de la méfiance", via son ministre de la Défense Khurram Dastgir-Khan.
Islamabad, allié des États-Unis depuis la guerre froide, dément de longue date les accusations américaines et reproche à Washington d'ignorer les milliers de Pakistanais tués dans la lutte contre le terrorisme. Après les attentats du 11 septembre, les deux pays avaient noué un partenariat stratégique pour défaire les groupes armés islamistes dans la région. Mais les États-Unis, tout comme l'Afghanistan, accusent le Pakistan de soutenir les talibans actifs dans ce pays voisin.
Le réseau Haqqani, qui pendant longtemps trouvait refuge au Pakistan tout en réalisant certaines des pires attaques contre les forces américaines en Afghanistan, a été qualifié de "véritable bras" des services secrets pakistanais par Mike Mullen, l'ancien chef d'État-major des armées américaines. Le Pakistan a lancé en 2014 des opérations dans ses zones tribales, à la frontière afghane, et affirme avoir désormais éradiqué toutes les bases arrière des groupes islamistes.
L'administration Trump a indiqué au Congrès en août qu'elle examinait très sérieusement la possibilité de ne pas verser 255 millions de dollars d'aide, dont le versement a déjà été retardé. Les relations américano-pakistanaises étaient déjà difficiles sous l'administration Obama qui dénonçait elle aussi l'attitude ambigüe d'Islamabad. Elles se sont encore dégradées avec l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche.
Le président américain a accusé en août Islamabad de jouer un double jeu en Afghanistan et d'abriter sur son sol des "agents du chaos". En décembre, il avait déjà menacé de ne plus aider le Pakistan. "Nous versons des sommes énormes chaque année au Pakistan. Il faut qu'ils nous aident", avait lancé le président.
"Une coupe dans les aides, à un certain moment, devient inévitable", a réagi l'analyste Michael Kugelman, spécialiste du Pakistan, sur Twitter.
"Trump est habitué à faire des déclarations très dures qui ne font que vicier l'atmosphère et violer les subtilités diplomatiques. Mais il n'y aucune possibilité de réaction dure", comme "une coupure totale des aides", a réagi de son côté estimé l'expert pakistanais Hassan Askari. Les États-Unis "ne prendront pas de mesure extrême, car cela forcerait le Pakistan à interdire à leurs soldats et à leur ravitaillement de passer par (les postes-frontière de) Torkham et Chaman", a-t-il ajouté. L'armée américaine a besoin de l'aide logistique du Pakistan pour accéder à ses troupes basées en Afghanistan.