Alors que l'ultraconservateur Ebrahim Raïssi a pris mardi ses fonctions de président iranien, l'opposant qui vit en banlieue de la capitale des Etats-Unis évoque l'abstention lors de son élection -la plus forte depuis la révolution de 1979 qui renversa son père-, ainsi que les récentes manifestations à travers le pays provoquées par des pénuries d'eau.
"Le régime est-il divisé, fragile, au bord du gouffre? Oui. Mais comme toujours, si on lui jette une bouée, il trouvera un second souffle et survivra encore un peu", déclare Reza Pahlavi. "Nous avons la possibilité de lui donner le coup de grâce. Et nous ne demandons pas au monde de le faire à notre place; les Iraniens veulent le faire, ils ont juste besoin d'un peu d'aide."
Ce n'est pas la première fois que le fils du chah prédit, comme d'autres opposants iraniens en exil, la chute imminente du pouvoir religieux de Téhéran. Il y a près de deux ans, il assurait déjà que "l'effondrement final" était une affaire de "quelques semaines ou mois".
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Qu'y a-t-il donc de différent cette fois-ci?
"La façon dont le régime tue les gens tout simplement", "de simples jeunes qui ont soif et qui réclament leurs droits", assure-t-il. Selon lui, "cette riposte n'indique pas un sens de confiance et de stabilité", "c'est comme un dernier effort pour essayer d'éteindre les flammes".
"Implosion contrôlée"Mais les dirigeants iraniens ont abattu toutes leurs cartes, estime-t-il, "et la réponse du régime aujourd'hui c'est de mettre à la tête du pays la personnalité la plus noire et lugubre du nom de Raïssi".
Le nouveau président est à ses yeux "un boucher et un criminel qui devra être jugé un jour pour crimes contre l'humanité".
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Et pour leur refus de rompre plus franchement avec lui, l'opposant s'en prend aux "démocraties occidentales" qui "semblent poignarder les gens dans le dos".
En cause, notamment, la décision de l'Union européenne d'envoyer un représentant à la cérémonie d'intronisation d'Ebrahim Raïssi -"une gifle" qui risque de lui donner une "légitimité qu'il ne mérite pas".
En cause aussi, la volonté affichée par le président américain Joe Biden de continuer à négocier avec le nouveau gouvernement pour tenter de sauver l'accord sur le nucléaire iranien dont son prédécesseur Donald Trump avait claqué la porte. Des tractations indirectes ont commencé en avril à Vienne avec l'équipe de l'ex-président Hassan Rohani, un modéré sur la scène politique iranienne, sans toutefois aboutir.
Selon Reza Pahlavi, la question nucléaire n'est qu'un des nombreux problèmes à soulever.
"Que devient la question des droits de l'Homme? Comment l'argent dispersé va être utilisé?", interroge-t-il, accusant le pouvoir iranien d'avoir détourné l'argent obtenu lors de la levée des sanctions liée à la conclusion de cet accord en 2015 -avant que Donald Trump ne les rétablisse.
L'administration Biden se fourvoie si elle pense que Téhéran va dire "maintenant qu'on a négocié nous allons vous foutre la paix", prévient l'opposant. "Ils ont besoin de continuer cette attitude d'antagonisme, d'instabilité régionale, parce que c'est comme ça qu'ils ont survécu jusqu'à présent."
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Costume gris arborant un pin's avec le lion, symbole de l'ère impériale, sur une carte de l'Iran, l'ex-prince héritier se présente en "républicain par nature" qui ne pousse pas pour le rétablissement de la monarchie, plaidant pour l'instauration d'une démocratie "séculaire".
Mais pour y parvenir, insiste-t-il, les pays occidentaux doivent dialoguer dès à présent avec l'opposition iranienne.
"Sans avoir un dialogue constructif avec les forces démocratiques qui représentent cette alternative", affirme-t-il, "on n'aura pas la même aisance ou possibilité de trouver un meilleur chemin vers ce que j'appelle une implosion contrôlée plutôt qu'une anarchie explosive".