Le procureur de Paris a annoncé samedi soir lors d'une conférence de presse qu'Abdeslam, arrêté vendredi à Bruxelles, a déclaré aux enquêteurs belges qu'il "voulait se faire exploser au Stade de France" le soir des attentats, avant de faire "machine arrière".
"La lecture d'une partie de l'audition de M. Abdeslam en conférence de presse constitue une violation", juge l'avocat Sven Mary, cité par le quotidien belge francophone Le Soir.
"Il a violé le secret de l'enquête. Jusqu'à présent, personne n'avait donné de détails sur l'enquête, seulement sur l'état médical de mon client et sur le déroulement de la procédure à venir", a par ailleurs déclaré Me Mary au quotidien néerlandophone De Standaard.
Toutefois, le code de procédure pénale français, qui encadre le secret de l'instruction, permet à un procureur de s'y soustraire dans certaines conditions.
"Afin d'éviter la propagation d'informations parcellaires ou inexactes ou pour mettre fin à un trouble à l'ordre public, le procureur de la République peut, d'office et à la demande de la juridiction d'instruction ou des parties, rendre publics des éléments objectifs tirés de la procédure ne comportant aucune appréciation sur le bien-fondé des charges retenues contre les personnes mises en cause", prévoit notamment l'article 11 du code de procédure pénale.
Engagé dans une bataille judiciaire avec la France, Sven Mary, un des ténors du barreau de Bruxelles, a par ailleurs affirmé samedi que son client s'opposait à son transfèrement à Paris, demandé par la France dans le cadre d'un mandat d'arrêt européen.
Selon cette procédure, une décision définitive sur la remise de Salah Abdeslam doit intervenir dans un délai de 60 jours à compter de son arrestation, ou 90 jours s'il devait exercer un recours devant une juridiction suprême, a expliqué samedi le ministère français de la Justice.
Les attentats de Paris et Saint-Denis ont fait 130 morts et plusieurs centaines de blessés le 13 novembre.