Interpellé sur la conférence nationale vers laquelle le pays se dirige inéluctablement dans la perspective de la prochaine présidentielle, initialement prévue en avril 2019, Ahmed Benbitour a soutenu que l’idéal pour les tenants du pouvoir serait d’aller vers un cinquième mandat, mais que l’état de santé du président Bouteflika ne le lui permettait pas.
Il a estimé, par ailleurs, que le pouvoir algérien souffrait de cinq maux: la perte de la morale collective, la violence qui est devenue le moyen privilégié pour le règlement des conflits, la corruption généralisée, l’individualisme et le fatalisme.
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"Nous avons un Etat déliquescent qui se définit par l’institutionnalisation de l’ignorance et de l’inertie, le culte de la personnalité, l’institutionnalisation de la corruption, un nombre très restreint d’individus qui prennent les décisions à la place des institutions habilitées et enfin l’émiettement des pôles au sommet de la hiérarchie de l’Etat", a-t-il relevé.
Il a indiqué à cet égard que le premier travail à faire pour sortir de la crise est de trouver des remèdes à ces maux, reconstruire ensuite la citoyenneté et faire en sorte que les Algériens prennent conscience de leur citoyenneté et de leur appartenance à une patrie.
"Ils essayent donc de vendre l’idée de réunir une conférence nationale qui poserait la problématique de réformes fondamentales d’un certain nombre d’éléments dans le fonctionnement de l’Etat", a constaté l’ancien Premier ministre.
Tout en relevant que la question qui se posait était de "savoir si le pouvoir [allait] pouvoir réformer les choses en une année alors qu’il n’a pas pu le faire en vingt ans, alors qu’il disposait d’une autorité totale, sans contre-pouvoirs", il a souligné qu’il était clair que dans ces conditions, l’objectif essentiel consistait en un maintien du pouvoir jusqu’à un certain temps pour pouvoir ensuite trouver une solution.
Sur le plan économique, Ahmed Benbitour a affrimé que le système était basé sur la rente et la prédation dans son utilisation, avec cet argument que les recettes d’exportations étaient tombées de 63 milliards de dollars en 2013 à 27 milliards de dollars en 2016, alors que la facture des importations était passée de 12 milliards en 2001 à 68 milliards en 2014, en plus de 8 milliards de bénéfices des sociétés étrangères.
Cette chute n’est pas seulement due à la fluctuation des prix, puisque depuis 2006, il y a une baisse de la production des hydrocarbures, a-t-il observé, notant qu’une fois les réserves de change épuisées, il y a ce risque de tomber dans des pénuries généralisées et, peut-être, dans une explosion sociale.
Pour faire sortir le pays de la crise, a donc préconisé Ahmed Benbitour, il faudra un programme pour remédier aux maux de la société et construire la citoyenneté, un autre pour la reconstruction de l’Etat et encore un programme pour la relance de l’économie.
"Si on n’a pas de réponses à cela, on ne peut pas parler de sortie de crise", a-t-il insisté.