La guerre d'Algérie s’invite dans la Présidentielle française

Cérémonie dans la cour de l'Hôtel des Invalides à Paris en hommage aux Harkis, dimanche 25 septembre.

Cérémonie dans la cour de l'Hôtel des Invalides à Paris en hommage aux Harkis, dimanche 25 septembre. . AFP

Identité heureuse, guerre civile, tensions communautaires, guerre d'Algérie... Les marqueurs identitaires s'imposent dans la campagne des primaires françaises. Dernière en date: l'irruption des Harkis dans le débat politique hexagonal.

Le 26/09/2016 à 13h07

Et c'est le président François Hollande qui relance le sujet en reconnaissant, pour la première fois, la responsabilité des gouvernements français dans l'abandon et les conditions d'accueil des Harkis, ces musulmans qui avaient choisi de faire la guerre aux côtés de la France pour s'opposer à l'indépendance de l'Algérie.

En prenant cette décision très politique au moment de la Journée d'hommage national aux Harkis, François Hollande réalise un double objectif. Le premier est de répondre à une promesse électorale de la campagne de 2012 qui lui avait permis d'accéder à l'Elysée.

Le second est de tirer le tapis sous les pieds des deux icônes de la droite et de l'extrême droite. En effet, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen tentent de séduire l'électorat des Pieds noirs d’Algérie estimé â trois millions d'électeurs et dont le noyau dur reste extrêmement sensible au sort dramatique des Harkis.

Sentant le coup venir, Nicolas Sarkozy est entré dans une logique de surenchère. Pour lui, "les Harkis ont été trahis par la France". Et d'ajouter: "Je n'ai pas simplement parlé des Harkis. J'ai parlé des Français qui avaient fait leur vie en Algérie et qui ont le droit aujourd'hui de savoir où sont leurs disparus. Et j'ai demandé l'ouverture des archives. Elle a été accordée en France. Il faut qu'elle le soit en Algérie."

Entre la France et l'Algérie, la mémoire est un terrain de confrontation qui vire au bras de fer. Des voix algériennes se sont exprimées dans les réseaux sociaux pour estimer que si la France reconnaît sa responsabilité dans l'abandon des Harkis, elle doit aussi reconnaître sa responsabilité dans les crimes de la colonisation.

Sans aller jusque-là, François Hollande s'était limité à dénoncer un système colonial "profondément injuste et brutal". Dans la même foulée, il avait déjà reconnu en décembre 2012 "les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien". Parmi ces souffrances, il avait cité "les massacres de Sétif, de Guelma et de Kherrata" qui "demeurent ancrés dans la mémoire et dans la conscience des Algériens".

Par Yassine Moatassim
Le 26/09/2016 à 13h07