"Nous nous sentons trahis par le comportement révélé par monsieur Ramadan", écrit l'ex-Union des organisations islamiques de France (devenue Musulmans de France, MF, en 2017) dans un communiqué publié lundi sur son site, quelques jours après une interview télévisée de l'islamologue suisse, inculpé pour des viols qu'il réfute.
"Nous sommes (...) interpellés par les révélations faites (...) par l'intéressé quant à ses liaisons extraconjugales multiples et répétées", affirme MF, dans un communiqué cinglant. Le théologien a longtemps été une vedette récurrente du salon annuel de MF en région parisienne, où ses conférences attiraient les foules.
MF précise que, s'il ne lui "appartient pas de commenter cette affaire sur le plan judiciaire", elle a néanmoins le "devoir de (s') exprimer", au vu de "de la place importante" donnée à Ramadan "au sein de la communauté musulmane de France, notamment les plus jeunes" par le passé.
Elle dénonce un "comportement qui s'avère en totale contradiction avec les principes éthiques et moraux attendus d'un homme qui prône l'islam, appelle à sa spiritualité et à ses valeurs, et répond aux interrogations d'un public essentiellement jeune et à la recherche de modèles", ajoute la fédération.
"MF est choquée par l'écart béant entre les dires et le comportement de monsieur Ramadan, écart qu'elle n'a jamais soupçonné. Elle n'en a jamais été informée, ni n'a observé un quelconque comportement de l'intéressé en désaccord avec l'éthique musulmane", ajoute-t-elle.
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Dans son communiqué, MF rappelle que "les imams, les prédicateurs et les cadres religieux musulmans" sont tenus de vivre "avec une moralité cohérente avec ce qu'ils prêchent et à la hauteur de ce qu'attend d'eux leur public".
Ramadan est inculpé pour deux viols en France. Il a d'abord nié tout rapport sexuel avec ces deux femmes, avant d'être contredit par l'enquête et d'évoquer ensuite des "relations consenties". Il est également accusé par deux autres femmes de viols, dont l'un en réunion, des plaintes déposées en mars 2018 et juillet dernier.
Lors d'une interview vendredi sur la chaîne d'information continue BFMTV, il a reconnu avoir "été en contradiction avec certains de (ses) principes" et avoir menti au sujet de ses relations intimes avec certaines plaignantes "pour protéger (sa) famille".
Accusé également de viol par une femme en Suisse, il doit être entendu cet automne à Paris par un procureur de Genève.