La Belgique, d'où ont été organisés les attentats du 13 novembre 2015, a acquis la réputation mondiale de "pépinière" de jihadistes.
Dans le volet belge de l'enquête, 19 personnes ont été inculpées depuis un an, soupçonnées d'avoir été mêlées à des degrés divers aux tueries de Paris.
Proportionnellement à sa population (11 millions d'habitants), la Belgique est un des pays d'Europe qui fournit le plus de combattants à l'organisation de Daech: 465 Belges sont actuellement en Syrie, en sont revenus ou ont tenté de la rejoindre, selon les derniers chiffres officiels.
La Belgique est apparue comme une base arrière des radicaux islamistes dès le milieu des années 1990, lorsque le Groupe islamique armé (GIA) algérien a menacé le royaume de représailles après le démantèlement d'une de ses cellules à Bruxelles.
Faux passeports belgesAprès les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, les autorités belges ont découvert que les assassins tunisiens du légendaire commandant Massoud, le "Lion du Panshir", chef de la résistance anti-talibans en Afghanistan, disposaient de faux passeports belges et de soutiens logistiques en Belgique.
Ces deux Tunisiens seraient partis de Molenbeek, une commune populaire de l'agglomération de Bruxelles, à forte population marocaine, qui a depuis vu transiter Mehdi Nemmouche, auteur présumé de la tuerie du musée juif de Bruxelles (4 morts en mai 2014) ou l'assaillant du Thalys Amsterdam-Paris (août 2015) avant de devenir internationalement connue comme le fief d'Abdelhamid Abaaoud et des frères Abdeslam (dont l'un, Brahim, s'est fait exploser le 13 novembre dans un café parisien).
Le cadet, Salah Abdeslam, 27 ans, y a été appréhendé le 18 mars 2016, non loin du domicile familial, après des mois de cavale. Désormais incarcéré en France, il est le seul survivant des commandos du 13 novembre.
Démantèlements de réseauxDepuis 2001, année marquée aussi par l'arrestation de l'ex-footballeur tunisien Nizar Trabelsi pour un projet d'attentat contre des intérêts américains en Belgique, le pays a durci sa législation anti-terroriste et multiplié les démantèlements de réseaux.
Fin 2008, un coup de filet avait été mené à la veille d'un sommet européen à Bruxelles, qui avait failli être annulé.
Comme Molenbeek ou Vilvorde, dans la grande banlieue de Bruxelles, Anvers (Nord-Est de la Belgique) héberge une forte communauté issue de l'immigration marocaine. La capitale de la Flandre a la réputation d'avoir permis un certain épanouissement de l'islamisme radical.
La grande cité portuaire est le berceau du groupe Sharia4Belgium, dissout en 2012 après avoir réclamé l'instauration d'un "Etat islamique" en Belgique.
Si ses anciens dirigeants sont soit en Syrie, soit en prison (c'est le cas de l'ex-numéro un Fouad Belkacem), la mouvance semble survivre en Flandre.
Le 18 octobre 2016, un coup de filet antiterroriste a visé l'entourage d'un ex-responsable de Sharia4Belgium, Hicham Chaïb, apparu en mars dans une vidéo revendiquant depuis la Syrie les attentats jihadistes de Bruxelles (32 morts le 22 mars).
Un de ses frères, Zouhaïr Chaïb, est soupçonné d'avoir poursuivi depuis Gand (nord) l'activité de recrutement de combattants pour la Syrie.
Un commissariat de police viséEn janvier 2015, quelques jours après les attentats parisiens contre Charlie Hebdo et une supérette cacher, la police belge a vent de la préparation d'un attentat imminent contre un commissariat de police, peut-être à Bruxelles.
Les écoutes téléphoniques se sont concentrées sur une maison de Verviers (est de la Belgique), qui se retrouve la cible, le 15 janvier, d'un spectaculaire assaut policier se soldant par la mort de deux jihadistes rentrés de Syrie.
Les enquêteurs vont découvrir que ces derniers prennent leurs ordres auprès d'un certain Abdelhamid Abaaoud, alors à Athènes, qui sera un des cerveaux des attentats du 13 novembre (il meurt le 18 novembre dans l'assaut du RAID à Saint-Denis, près de Paris).
Lors du procès, au printemps dernier, des survivants de la cellule de Verviers, l'accusation l'a décrite comme le "brouillon" de celle qui allait s'illustrer à Paris en novembre 2015.
Point de rencontre facileDe par son emplacement, au carrefour de Londres, Paris, Amsterdam ou de la Ruhr allemande, la Belgique est un point de rencontre facile, d'où l'on peut rapidement se déployer vers ces métropoles très densément peuplées.
C'est une des raisons pour lesquelles la Belgique est devenue une des plaques tournantes du trafic d'armes, ce dont ont profité les filières jihadistes.
La complexe organisation institutionnelle du royaume avec ses multiples niveaux de décision -ville, région, communauté linguistique, Etat fédéral-, et un échange d'informations défaillant entre les policiers locaux et fédéraux, ont parfois entravé le déroulement des enquêtes anti-terroristes et le suivi des personnes présumées dangereuses.