"Les récentes mesures israéliennes vont mener à des catastrophes dans la région", s'est alarmé Nabil Abou Roudeina, porte-parole de la présidence palestinienne, ce lundi 14 novembre 2016.
Les deux textes ont été adoptés par la commission ministérielle des lois et doivent encore être votés en trois lectures par le Parlement israélien.
"La direction palestinienne va se tourner vers le Conseil de sécurité de l'ONU et toutes les autres organisations internationales pour stopper ces mesures israéliennes", a affirmé M. Abou Roudeina, dénonçant des démarches "totalement inacceptables".
De son côté, sur la radio publique palestinienne, le ministre des Affaires étrangères Ryad al-Malki a accusé le gouvernement israélien de chercher à "imposer des faits accomplis sur le terrain et créer de nouvelles réalités en légalisant les actions illégales qu'il commet".
Le texte sur les colonies sauvages, ces implantations illégales non seulement aux yeux de la communauté internationale mais aussi de la loi israélienne, concerne la Cisjordanie occupée.
Le texte sur les appels à la prière s'appliquerait aux mosquées en Israël ainsi que dans les Territoires qu'Israël a annexés, c'est-à-dire le Golan syrien et Jérusalem-Est. C'est ce texte qui était le plus commenté côté palestinien.
"L'appel à la prière se poursuivra à Jérusalem et à al-Aqsa"
L'autorité en charge des lieux saints, le Waqf de Jérusalem, qui dépend de la Jordanie, a ainsi dénoncé une décision "raciste qui constitue une violation dangereuse de la liberté de culte" et affirmé que "l'appel à la prière se poursuivra à Jérusalem et à al-Aqsa".
"De telles tentatives prouvent de façon éclatante que le gouvernement d'occupation israélien veut entériner la judaïsation de l'Etat et en finir avec tout ce qui est arabe ou musulman" à Jérusalem, poursuit le communiqué du Waqf.
Le ministre palestinien des Affaires religieuses Youssef Deis a affirmé pour sa part déceler "un racisme qui a dépassé la sphère politique et gagné la sphère religieuse, faisant craindre à la région une guerre de religion".
Les Arabes Israéliens, les descendants des Palestiniens restés sur leurs terres à la création d'Israël en 1948 qui constituent aujourd'hui 17,5% de la population israélienne, ont eux aussi dénoncé ce projet de loi.
La municipalité de Nazareth, la plus grande ville arabe d'Israël, a ainsi vu dans le vote de dimanche "la preuve que les milieux fascistes et racistes ont eu la haute main sur les décisions".
Le projet de loi portant sur l'appel à la prière "va porter un coup aux relations entre juifs et Arabes et détruire tout effort vers la paix et la coexistence sur une terre déjà disputée", a-t-elle encore prévenu.
Transformer "le conflit politique en conflit religieux"
"Le gouvernement israélien s'attaque à l'appel à la prière, car il veut s'en prendre à toute présence arabe en général", a renchéri dans une vidéo Ayman Odeh, chef de file de la liste arabe au Parlement israélien. Le gouvernement israélien, qui a fait le choix du "nationalisme étroit" veut transformer "le conflit politique en conflit religieux".
Le président palestinien Mahmoud Abbas avait déjà mis en garde: "Ils ne doivent pas interdire l'appel à la prière à Jérusalem (...) il ne s'agit pas de religion, mais d'un conflit, de la colonisation et de la mainmise sur notre terre".
Depuis Gaza, le Hamas a dénoncé "une provocation flagrante à l'encontre de tous les musulmans et une ingérence inacceptable dans leur culte".
"Ce projet viole le droit international qui protège les lieux saints et les droits religieux et historiques de notre peuple", ajoute la formation islamiste.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'était déclaré dimanche favorable à la limitation du volume de ces appels comme l'ont fait de "nombreuses villes en Europe et dans différents endroits dans le monde musulman".