Près de deux mois après une réélection présentée comme triomphale par le Kremlin, en l’absence de candidature dissidente, le chef de l’État russe, âgé de 71 ans et au pouvoir depuis près d’un quart de siècle, rempile au moins jusqu’en 2030.
En 2020, il a fait réviser la Constitution pour pouvoir effectuer deux mandats de six ans supplémentaires, soit jusqu’en 2036, l’année de ses 84 ans.
Au Kremlin et en présence de l’élite politique du pays et de représentants étrangers, dont l’ambassadeur français, l’investiture doit débuter à 12H00 locales (09h00 GMT) et durer environ une heure, selon les médias russes.
D’autres pays européens, comme la Pologne, l’Allemagne et la République tchèque, ont signalé qu’ils n’enverraient pas de représentants, pour marquer leur opposition à la politique du Kremlin.
Au cours de la cérémonie, Vladimir Poutine prêtera serment avant de prononcer un bref discours à la Nation.
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Une allocution qui intervient cette année à deux jours de l’anniversaire de la victoire soviétique du 9 mai contre l’Allemagne nazie, dont la célébration est un pilier de la politique de puissance de Vladimir Poutine, qui assure combattre en Ukraine des «néo-nazis».
«Illusion»
L’investiture coïncide avec une situation plus favorable sur le front pour l’armée russe, qui avait subi d’humiliants revers au printemps et à l’automne 2022, lors des premiers mois de son attaque à grande échelle contre Kiev.
Ces dernières semaines, les assauts russes dans l’Est de l’Ukraine ont augmenté en intensité et permis la conquête progressive de plusieurs localités, en particulier dans la zone de la ville-clef d’Avdiïvka, conquise mi-février.
En face, les troupes de Kiev manquent de munitions et de recrues après leur offensive infructueuse à l’été 2023. Elles attendent l’arrivée d’une nouvelle aide américaine, alors que l’industrie de défense russe tourne, elle, à plein régime.
Dans le centre-ville de Moscou, de nombreuses barrières ont été installées le long des principales artères, en vue de l’investiture et de la parade militaire du 9 mai.
Une cérémonie que l’Ukraine a dénoncée comme un simulacre de démocratie.
La diplomatie ukrainienne a estimé lundi qu’elle était destinée à donner «une illusion de légalité» au maintien au pouvoir de Poutine qui, selon Kiev, a transformé la Russie «en État agresseur» et le régime en place «en dictature».
Répression
Mi-mars, à l’issue d’un scrutin remporté officiellement avec plus de 87% des scrutins exprimés, Vladimir Poutine a dressé le portrait d’une Russie «unie» derrière lui et son armée.
Les Occidentaux, Washington en tête, ont de leur côté fustigé un vote sous contrainte, quelques semaines après la mort en prison dans des circonstances troubles, le 16 février, du principal opposant russe, Alexeï Navalny.
Les principaux membres de l’opposition russe sont désormais en exil ou en prison, tout comme des centaines de personnes ordinaires qui ont affiché leur opposition à l’offensive de Moscou contre son voisin ukrainien.
L’étau s’est aussi resserré contre les minorités sexuelles, déjà visées par une sévère répression et qui payent les frais de la promotion des «valeurs traditionnelles» défendues par Poutine face à un Occident jugé dépravé.
Le président russe est également venu à bout l’année dernière d’une tentative de rébellion de l’ex-chef du groupe paramilitaire Wagner, Evguéni Prigojine, mort ensuite dans le crash de son avion.
Le chef du Kremlin fait face néanmoins à plusieurs défis, notamment économiques, alors que l’issue du conflit en Ukraine, très meurtrier, semble toujours incertaine.
L’inflation, tirée notamment par l’explosion du budget fédéral, liée aux dépenses militaires, reste persistante et inquiète la population, dont le pouvoir d’achat est déjà plombé par l’effet des sanctions occidentales.
Et l’économie russe, très dépendante des revenus des hydrocarbures, doit également négocier un virage, revendiqué par Vladimir Poutine, vers l’Asie, même si les infrastructures nécessaires, coûteuses et longues à construire, manquent encore.